Le silence de Jean Ranucci est une ère ténébreuse ; le père s’est uni dans une communion complice avec son fils. Le fil de la tragédie se tend à cet endroit précis, c’est leur hamartia commune. L’un et l’autre se taisent.

À l’instant d’être remis entre les mains des bourreaux, Maître Jean-François Le Forsonney se souvient que Christian Ranucci a porté : « sur l’assistance pétrifiée un regard étrange, incompréhensif et hautain où j’ai vu comme une dénégation. C’était cela. Il semblait dire non à quelque chose que seul il connaissait, à l’accusation, à sa faute supposée, ou peut-être à la mort… » (Christian Ranucci, vingt ans après).

Il se jouait vraisemblablement par ce silence, un dernier combat entre le père et le fils, et c’est le fils qui triomphait en réalité car son silence était porteur de foudres divines. Son père avait-il voulu exercer sa plus horrible vengeance, en cachant leur terrible affrontement où les reproches acerbes avaient dû cingler avec passion, Christian lui jetant au visage la fuite éperdue de sa mère, l’agression à l’arme blanche dont elle fût victime et sa peur incessante qu’il ne les retrouvât ?

Le père avait-il repoussé son fils dans un éclat ce matin là, le vouant aux gémonies, lui et son propre nom ?

Et le fils, assis sur le tabouret du bourreau, lançait à son père : contemple aujourd’hui le mal que tu te fais à toi-même, regarde l’épée se retourner contre toi. Regarde la vérité que j’emporte dans la tombe. Regarde le sang qui va t’éclabousser, toi et les tiens, toi qui me renie par tes mensonges et ton intempérance…

Je te déchois par mon unique silence, de toute ma splendeur d’enfant, mon visage beau comme le jour naissant. C’est tout cela que ce regard jetait à ces figures indistinctes venues contempler leur œuvre de mort, ce splendide assassinat perpétré sous leurs yeux même, au Président Antona, au Juge Pierre Michel, aux Avocats Lombard, Fraticelli et le Forsonney, au procureur adjoint Tallet, et que l’avocat même l’ayant aperçu, ne pouvait concevoir.

Le matin du 3 juin 1974, à neuf heures, puisque nulle autre cause permettait d’élucider sa venue à Marseille, il semble désormais une réalité acquise que Christian vint à Allauch rencontrer son père qu’il ne connaissait pas. C’est une bourgade perchée sur les collines, à l’aspect typiquement provençal, on y accède en empruntant l’avenue de la Croix-rouge et le quartier de la Rose – c’est précisément la route empruntée par le ravisseur pour se rendre avec l’enfant jusqu’au abords du croisement de la Pomme -, puis en prenant vers la droite ce chemin qui monte dans la banlieue, l’avenue du Vallon vert.

Quand bien même on eut imaginé que Christian Ranucci fût le ravisseur, nul ne pouvait comprendre pourquoi il avait empruntée la route qui menait précisément jusqu’à la ville où résidait son père, ni les raisons pour lesquelles il avait choisi brusquement une bifurcation vers la gauche qui l’en éloignait. S’il s’agissait d’une simple promenade comme il est affirmé par les aveux, elle se donnait soudain un but incongru.

Selon ce qu’en a révélé sa fille, le grand-père Léopold Ranucci aurait rompu le silence après l’exécution, dévoilant à de nombreuses reprises que son petit fils s’était présenté le matin du 3 juin au domicile de Jean Ranucci, son fils. Christian avait sonné à la porte, Antoinette sa seconde épouse lui avait ouvert.
Elle a prétendu que son mari était absent. Christian serait donc reparti.
Cependant, si la sœur de Jean Ranucci témoigne ainsi, c’est peut-être une façon de briser la scène précisément à son ouverture pour ne plus être importunée par ce qui figure désormais un secret de famille.
Car ceci ne correspond pas à la vérité, ce que le commissaire le Bruchec a vérifié. Jean Ranucci ne travaillait pas ce matin là. Et sans doute se sont-ils entretenu le père avec son fils, le temps de quelques heures.

Tout cela est apparu parce qu’un beau jour, le 7 septembre 1981, Mme Casaregola a écrit ceci :

« Cher Maître Lombard,

Je sais tout ce que vous avez fait pour Christian Ranucci, aussi c’est à vous seul que j’ai décidé de faire les révélations suivantes :

Premièrement: Mon père Léopold Ranucci [grand-père de Christian] m’a confié avant sa mort, survenue le 1er avril 1980, que le jour de l’enlèvement de la petite Marie-Dolorès Rambla, Christian était venu rendre visite à son père Jean Ranucci, qui habitait et qui habite toujours […] à Allauch.

Deuxièmement: Cette visite, selon mon père, a eu lieu au début de la matinée, à un moment où mon père n’était pas là. Christian est donc arrivé et il a sonné à la porte de la maison de son père. Nénette, l’épouse de son père, lui aurait dit: « Qu’est-ce que vous voulez ? » Votre petit client, Maître Lombard, lui aurait répondu: « Je suis venu voir mon père. » Une réponse sèche claqua : « Il n’est pas là. Il faut partir. » Christian resta devant le portail fermé et s’en alla très bouleversé.

Troisièmement : J’affirme que ce que je vous raconte là est le récit exact de ce qu’a dit mon père. D’ailleurs, cela sera facile à prouver, car des voisins étaient là, ont tout vu et tout entendu. Malheureusement, je n’ai su tout cela que quand il était trop tard pour Christian.

Je mesure l’importance de ce que je vous écris et donc je vous autorise seul à vous en servir, car il me paraît que la preuve est ainsi faite que Chris­tian n’a pas eu le temps matériel d’enlever la petite Marie-Dolorès et naturellement de la tuer. J’ajoute que mon père a raconté ces faits non seulement à moi, mais encore qu’il en a parlé devant des témoins, dont monsieur Marcel Joseph et madame Milazzo.

Cher Maître Lombard, je vous demande, vous qui avez toujours défendu l’innocence de Christian, de faire tout votre possible pour qu’il soit réhabilité.

Croyez, Cher Maître… »

Le désordre s’était produit dans la propre famille du condamné à mort, son grand-père – Léopold – sans doute ne supportait plus que pèse sur lui le silence abattu sur sa descendance par vengeance, sa fille était chargée de défaire le nœud du secret : Christian était venu voir son père. Cependant, la suite ne révèle la vérité qu’à demi-mot.

Mme Casaregola ne pouvait parler qu’une fois son père décédé, sans doute parce qu’elle ne voulait pas craindre qu’il vînt la contredire. Et sans doute parce qu’en réalité, ce n’était pas du grand-père qu’elle tenait cette information, mais bien mieux de l’épouse de son frère, tandis que son frère ne souhaitait pas qu’on révélât un tel secret.

Il était en effet très étrange que l’on convoque un homme décédé qui n’avait été en réalité témoin de rien, puisqu’il était absent ce jour là.

Il était plus curieux encore que Mme Casaregola ne puisse pas dire à Maître Lombard de demander confirmation à Nénette, et ne pouvoir dire que son frère était d’accord pour que l’on fasse pareille révélation, avec ou sans l’accord de Nénette.

Pourquoi Nénette était-elle incapable de parler, sinon que la scène ne s’était pas déroulé de la sorte ?

Car si Christian s’en retourna bouleversé comme il est énoncé, c’est donc qu’il l’avait bel et bien vu, qu’il lui avait parlé et que Nénette n’avait pas fait le barrage qu’on lui prête. On ne saurait comprendre qu’il fut bouleversé par une porte close…

Cependant il ne convenait pas sans doute de révéler les altercations qui se passèrent ce matin là. De même affirme-t-elle qu’elle n’a su tout cela que lorsqu’il fut trop tard pour le sauver de la guillotine et cela n’est pas certain, ce qu’il semble bien plutôt c’est qu’il leur était impossible de soulever l’indicible chape qui provenait de sa disparition tragique.

Le jeune homme n’avait pas le temps matériel vient-elle affirmer, c’est donc qu’il n’avait pas trouvé porte close et que la rencontre s’était prolongée durant la matinée jusqu’à l’heure de midi, et si Léopold – ou bien peut-être Mme Casaregola  qui parle à travers lui – n’étaient pas présents à l’instant où Christian Ranucci vint sonner le matin à la porte de son père, il fallait en conclure que son petit-fils était resté suffisamment de temps pour qu’ils eussent vent de cette visite et peut-être bien qu’ils aient pu l’apercevoir à son tour et faire connaissance avec lui…

Comment d’ailleurs pouvait-il se faire que la Cour de cassation saisie de la demande de révision n’ait pas songé un seul instant dépêcher un enquêteur interroger Nénette, puisqu’il apparaissait que Nénette avait ouvert la porte ? Mais se poser la question c’est soupçonner la Commission de révision de mettre en œuvre ce qu’il faut d’obstruction pour empêcher qu’affleure le moindre doute…

Christian avait bu, il n’avait pas dormi de toute la nuit, il retrouvait un père dont il ignorait tout par une sorte de brume vaporeuse, une transe hypnotique où les sens se déforment et s’entrechoquent, à devenir démesurés. Les masques du théâtre se sont peut-être tendus en postures aiguës, assaillis par la fatigue.

Jean Ranucci ne dit pas la vérité lorsqu’il permet au Commissaire Alessandra de porter sur le procès-verbal :

« J’ignore tout de mon fils Christian, je ne me souviens même plus de son visage…« .

Ce qui veut signifier en réalité qu’il a bien revu son fils au matin du 3 juin, cependant qu’il entend désormais ignorer son visage à défaut de son nom. Comment aurait-il pu manquer la ressemblance d’un portrait qui se démultipliait à l’envi sur les couvertures des journaux que l’on trouvait en devanture des marchands d’Allauch et d’ailleurs, et ne pas s’en souvenir ?

Par là même, le Commissaire voyait s’ouvrir ses propres portes, les contrevérités de son hypothèse se préserveraient en apparence par le silence du père et le glaive qu’il lui offrait de brandir à sa place.

Il apparaît vraisemblable que le Commissaire Alessandra a pris connaissance des véritables destinées du voyage de Christian. Mais il avait trouvé deux alliés sûrs et indéfectibles pour en effacer les traces : Christian et son père.

Car ce que révèle la tragédie de ce silence, le silence de Jean Ranucci, le silence de Christian Ranucci, c’est qu’il existait entre le fils et le père, l’un de ces liens indéfectibles, si puissant que même la mort ne parvient pas à briser.

Ludovic Chancel raconte la visite à son père qu’il ne connaît pas…

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Ludovic, le fils de Ringo Willicat (Guy Bel), garde pourtant beaucoup des traits de son père et la filiation ne semble pas faire de doute, or c’est toujours un peu de soi-même que l’on craint d’apercevoir dans le regard de ses enfants.

Il apparaît cependant que Christian Ranucci semblait avoir investi beaucoup plus dans la relation avec ce père invisible, il est alors bien probable que la rencontre fût beaucoup plus intense, plus longue et plus âpre, au point, non pas de le faire pleurer, mais de le bouleverser…

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Lorsque Christian quitte la ville d’Allauch, il est midi. Depuis vingt-quatre heures il ne dort pas, les effluves d’alcool l’enserrent dans une fausse lucidité. Il reprend naturellement l’avenue du Général Leclerc et regagne la nationale 8bis pour rejoindre Aix et, de là, Nice. À midi et quart, il parvient au carrefour de la Pomme. Il ne s’arrête pas et manque d’apercevoir la voiture de Vincent Martinez qui vient sur sa gauche l’emboutir violemment. La Peugeot 304 tourne de trois-quart sur elle-même et, par le hasard, Christian se trouve dans l’axe de la route d’où il vient précisément.

Il démarre aussitôt pour revenir sur ses pas, parcourt la longue ligne droite puis le tournant qui le fait disparaître. Il poursuit durant quelques centaines de mètres, descendant vers le vallon, mais la roue frotte contre l’aile et, sans même songer à se garer ou se cacher, il ralentit et immobilise la voiture au bord de la Nationale.

Personne ne l’a suivi, il est seul dans la chaleur de midi.

L’accident a projeté sur lui comme une onde fracassante.

Alors il tombe,

et vient la nuit.

« Je ne me souviens de rien parce que j’étais soûl. J’ai passé la nuit du dimanche au lundi, non pas à Salernes comme me l’ont fait dire les flics, mais à Marseille, à traîner dans les bars du quartier de l’Opéra. J’ai bu énormément. C’est vrai que je bois très peu d’alcool, mais de temps en temps, je m’offre un dégagement et je me biture à mort. Le lundi matin, quand je suis parti de Marseille, je n’étais pas clair, absolument pas. L’accident m’a achevé. J’ai roulé encore un peu et je suis tombé dans les vapes.« 

Le pull-over rouge

Chapitre 15 (Jean-Marc Deperrois)
Chapitre 17 (Christian Ranucci)
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18 réflexions sur “14 Le pan du voile

  1. Le scénario que vous proposez, Admin, n’est pas du tout impossible. Mais cela reste une construction comme tant d’autres.
    Il est tout à fait plausible, je ne le conteste pas, mais son point faible est de s’appuyer sur le postulat de la réalité de sa visite à son père.

    Or, même s’il me semble à peu près certain que Christian Ranucci avait la ferme intention d’aller voir son père (je pense même qu’il n’a choisi de se rendre à Marseille – lors de son 1er week-end dans sa 1ère voiture – que dans ce but) rien ne nous permet d’affirmer que cette rencontre a bien eu lieu.
    Il existe des raisons de le supposer (essentiellement la lettre de la tante de Christian Ranucci, Mme Casaregola), mais aucune certitude.

    De toute manière, même si cette visite avait bien eu lieu, elle ne pourrait constituer un alibi pour l’enlèvement de Marie-Dolorès Rambla que si l’on pouvait prouver formellement que Christian était effectivement resté chez son père jusqu’à 11h 30 au minimum.

    S’il a seulement sonné chez son père vers les 9h 00 ou 10h 00 et a trouvé porte close (ou a été éconduit dès l’entrée), cela ne saurait représenter un alibi pour l’enlèvement puisque cela ne l’aurait pas empêché de se retrouver à Ste-Agnès vers les 10h 45 – 11h 00, fourchette présumée de l’enlèvement.

    1. Ce sont les arguments avancés par la Cour de cassation pour rejeter la requête en révision, mais ils ne me semblent pas suffisants.
      Car il demeure que Christian Ranucci avait une très bonne raison de se trouver sur cette route à cet instant, qui n’a rien à voir avec l’enlèvement, ce dont la Cour d’assises qui le condamna à mort ignorait tout. Le motif de révision ne fait dès lors plus de doute quant à ce qu’un doute absolu surgit de cette simple évocation, sauf à tordre et retordre la loi pour lui faire dire le contraire de ce qu’elle énonce. La Cour de cassation en possède il est vrai l’art le plus consommé.
      De plus, pour être sur les lieux à 11h00, heure de l’enlèvement, il faut partir d’Allauch à 10h40.
      De plus, si Christian Ranucci était coupable, il aurait à nul doute tenté de faire valoir cet alibi, plus encore s’il était faux. Le fait même qu’il puisse taire la présence si proche d’un père qu’il n’a pas vu depuis 17 ans démontre que l’accusation repose sur une incohérence.

      Il est très difficile de penser que la porte était close, car Jean Ranucci ne travaillait pas ce jour là. Donc il est suffisamment probable qu’il se soient parlés et que le père ne l’a pas éconduit aussitôt, ce qui le montre c’est simplement le fait que sa famille ne peut le divulguer qu’à l’instant où le grand-père a disparu. C’est donc qu’il demeure une plaie vive au cœur même de la famille Ranucci, le grand-père étant pris dans cet étau tout à la fois de pleurer la mort de son petit-fils et d’avoir à protéger son fils et se condamner dès lors au silence. C’est d’autant plus apparent que sa fille indique : « selon mon père, [cette visite] a eu lieu au début de la matinée, à un moment où mon père n’était pas là. » Ainsi donc on peut en déduire que le grand-père n’avait pas plus de raison que les autres membres de la famille de le savoir et qu’en revanche le père de Christian Ranucci était bel et bien là, enfin que la fille du grand-père de Christian Ranucci l’a su par son frère en réalité et qu’il était entendu entre le père (le grand-père de Christian Ranucci) et la fille (sa tante) qu’ils préserveraient le secret quoi qu’il advienne.
      La mort du premier a rompu le pacte…

      Enfin, il suffit de reprendre le témoignage de M. Rambla paru dans le Provençal du 4 juin 1974 : «  Jean a donc vu arriver depuis la rocade du Jarret une voiture de couleur grise. Comme il connaît bien les autos et qu’il s’y intéresse, il m’a affirmé que c’était une « Simca »« .

      Le ravisseur arrivait depuis la rocade du Jarret, c’est donc qu’il venait du sud et non pas du nord, le trajet à l’exact opposé de celui qui mène depuis Allauch jusqu’à cet endroit.

  2. Le scénario que vous proposez, Admin, n’est pas du tout impossible. Mais cela reste une construction comme tant d’autres.
    Il est tout à fait plausible, je ne le conteste pas, mais son point faible est de s’appuyer sur le postulat de la réalité de sa visite à son père.

    Or, même s’il me semble à peu près certain que Christian Ranucci avait la ferme intention d’aller voir son père (je pense même qu’il n’a choisi de se rendre à Marseille – lors de son 1er week-end dans sa 1ère voiture – que dans ce but) rien ne nous permet d’affirmer que cette rencontre a bien eu lieu.
    Il existe des raisons de le supposer (essentiellement la lettre de la tante de Christian Ranucci, Mme Casaregola), mais aucune certitude.

    De toute manière, même si cette visite avait bien eu lieu, elle ne pourrait constituer un alibi pour l’enlèvement de Marie-Dolorès Rambla que si l’on pouvait prouver formellement que Christian était effectivement resté chez son père jusqu’à 11h 30 au minimum.

    S’il a seulement sonné chez son père vers les 9h 00 ou 10h 00 et a trouvé porte close (ou a été éconduit dès l’entrée), cela ne saurait représenter un alibi pour l’enlèvement puisque cela ne l’aurait pas empêché de se retrouver à Ste-Agnès vers les 10h 45 – 11h 00, fourchette présumée de l’enlèvement.

    1. Bonjour ! J’ai reçu un e-mail de M. Bouladou disant que Christian Ranucci n’avait pas essayé le pull qu’ils ont retrouvé. Ça veut tout dire !!!

      1. Qu’est-ce qui est entendu par cette assertion ? Est-il entendu qu’en réalité le pull aurait appartenu à Christian Ranucci et que, par une habile manœuvre, sa mère aurait réussi à convaincre les policiers et le juge d’instruction qu’il n’en était rien ? Mais cela n’est pas possible puisque M. Martel dit que le pull qu’il a vu porté par l’agresseur qui sévissait dans la cité des Cerisiers est exactement le même que celui trouvé dans la champignonnière, mais que Christian Ranucci et l’agresseur au pull rouge sont deux personnes « tout à fait différentes ».
        De même, Christian Ranucci ne pouvait se trouver à Marseille le vendredi lors duquel se produit la première agression – il travaillait pour le compte des Établissements Cotto.

        Par ailleurs Gérard Bouladou nous fait part de ce que, pour lui, le pull rouge n’a rien à voir avec le meurtre, qu’il s’agit là d’un vêtement laissé par un ouvrier. Or donc que Christian Ranucci essaie ou n’essaie pas le pull n’a pas d’importance puisqu’en suite de cette assertion, il ne détermine aucun lien.

      2. Oui, il ne l’a pas essayé, parce que le pull était sous scellé. Rien à voir avec la crainte hypothétique des policiers de voir qu’il est trop grand. Il est sous scellé, on n’a plus le droit d’y toucher sous peine de le contaminer. Tout comme il est interdit de « contaminer » une scène de crime qui est délimitée par un périmètre. On ne le lui a pas fait essayer parce que sous scellé pour me résumer, conformément à la procédure.
        En revanche on lui a présenté le pull (sous scellé) et demandé s’il lui appartenait. Dommage que l’on ait pas présenté ce pull-over aux filles Albertini et à M. Martel (qui a lui parlé d’un POLO rouge…), cela aurait permis d’établir que C. Ranucci n’était pas le satyre des Cerisiers, et renforcé sa présomption d’innocence.

        1. Sa présomption d’innocence ou son innocence certaine dans les faits d’agression sexuelle du 1er juin 1974, s’entend. Pour ce qui concerne son implication dans l’enlèvement et le meurtre de la petite Rambla, c’est tout autre chose !

          1. Ben non, il est arrivé une heure après le meurtre commis par l’homme au pull rouge.

            Mais on ne vous retient pas ici pour rabâcher les mêmes scies qui se heurtent à la vérité de ce dossier où se révèlent les 4 trucages de la police française : dessin prétendu de Ranucci copié d’une photo du cadastre, couteau replanté le lendemain pour faire croire que ce sont les aveux qui on permis la découverte alors que les aveux suivent la décoverte du couteau, témoins Aubert subornés et pantalon qu’on a été prendre dans le garage le dimanche soir en douce. Mais tout le monde a maintenant compris de quoi il retourne.

        2. On a présenté ce pull à M. Martel :
          Reportage de 1978

          Jacques Lenoir : – C’était donc le même pullover à votre avis que celui que portait l’homme que vous avez vu ?

          Paul Martel : – Ah le pullover qu’ils m’ont présenté, c’était le pullover exact qui était sur ce type là que j’ai vu… le pullover rouge…
          Jacques Lenoir : – Comment expliquez vous cela alors ?

          Paul Martel : – Ma foi, ça me paraît bizarre…

          Jacques Lenoir : – Cela ne vous a pas semblé curieux que l’on ne prenne pas en considération votre témoignage ?

          Paul Martel : – Ça m’a paru un peu louche, moi. D’après mes idées à moi, j’ai dit ma foi, ils ont l’air de vouloir trouver un coupable quoi…

          (Ce qui s’interprète à nul doute comme : ils ont l’air de vouloir mettre la main sur le premier qui passe et se trouve à leur portée, dont on fera un coupable à tout prix, même si ce n’est pas la bonne personne…)

          Que les policiers écrivent polo pour pull ne change rien puisque ce n’est pas la parole de M. Martel, mais la retranscription des policiers qui peuvent faire des contresens ou des imprécisions. Christian Ranucci était à Nice, il n’y a donc pas besoin du pull pour établir qu’il n’était pas aux Cerisiers, ni aux Tilleuls au moment des faits. En revanche l’homme au pull rouge était aux Cerisiers, aux Tilleuls et chemin de la Doria le lundi 3 juin.

          1. Il est vrai que je n’ai pas mentionné le fait que les soeurs Albertini et leur père avaient parlé d’un pull-over. Pour ce qui concerne M. Martel, il parle bien d’un polo (ces 3 dépositions figurent dans le livre de Gérard Bouladou). À ce moment-là (4 juin), Christian Ranucci n’est pas encore arrêté et surtout inconnu des services de police, tant niçois que marseillais. Comment voulez-vous que les policiers fassent dire à M. Martel quelque chose qu’il ne veut pas dire (en déformant ses propos puisqu’on passerait d’un pull-over à un polo) ? pour le dissocier du dossier car il faut charger un « pauvre garçon » qu’ils ne connaissent pas encore ? Le PV est relu, et il y a la possibilité de corriger. Ensuite, s’ils avaient vraiment voulu dissocier à tout prix les deux affaires (Albertini et Rambla), ils auraient fait dire aux soeurs Albertini que le type du samedi portait un polo rouge.

            Vous voyez ? Quand on tient des raisonnements, on les tient jusqu’au bout.

          2. Peu importe le détail de ce qu’il y a écrit sur le procès-verbal rédigé par les policiers puisque M. Martel vient dire au journaliste de TF1 – et tout le monde peut l’entendre – que le pull qu’on lui a montré à l’Évêché est le pull exact qu’il a vu sur l’homme qui agressait des petites filles et qu’il précise que cet homme et Christian Ranucci sont deux personnes « tout à fait différentes ». Donc le pull trouvé dans la champignonnière était porté deux ou trois jours plus tôt par un homme qui agressait des petites filles et qui n’était pas Christian Ranucci. Je ne vois pas ce que vous cherchez à faire, sinon mettre de la confusion dans quelque chose qui est parfaitement clair. Et ce que l’on peut reprocher à la police nationale, c’est de ne pas avoir rédigé un procès-verbal de cette présentation du pull aux 6 personnes qu’on avait convoqué à l’Évêché. C’est tout.

  3. Je ne trouve que maintenant, et un peu par hasard, votre réponse à mon post de 2010.

    Vous considérez que le fait que Jean Ranucci ne travaillait pas le lundi de Pentecôte constitue une quasi-preuve

    1. que Christian a bien sonné à la porte de son père à Allauch en début de matinée, comme le dit Madame Casaregola dans sa lettre.
    2. qu’il a été reçu.

    Certes, le fait que Jean Ranucci n’ait pas travaillé ce jour là laisse supposer qu’il était peut-être effectivement chez-lui en début de matinée. Mais sans certitude.
    Le fait qu’il ait – peut-être – été chez-lui apporte également une plus grande vraisemblance au fait qu’il aurait pu recevoir Christian. Mais là aussi sans certitude.

    Si l’on s’en tient à ce que Mme Casaregola dit dans sa lettre, il semblerait qu’en fait, Christian ait été éconduit sur le seuil de la porte par la 2ème épouse de Jean Ranucci, Antoinette.
    Là encore, présomption mais aucune preuve.

    On peut d’autant moins parler de preuve que ce que rapporte Mme Casaregola n’est – elle le dit elle-même – qu’un témoignage de 3ème main. Ce n’est pas elle qui a vu Christian sonner à la porte en début de matinée, c’est son père qui le lui a dit. Mais Léopold Ranucci n’avait pas vu la scène lui-même, il l’avait seulement entendu dire par un tiers, que Mme Casaregola dit (ou prétend) ne pas commettre. Un peu l’homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours ..

    Je trouve bien difficile dans ces conditions d’avoir une certitude.

    Impossible de bâtir une théorie convaincante sur une base aussi peu solide.

    Sans compter que, comme je le disais déjà dans mon 1er message, la présence avérée de Christian Ranucci à Allauch le matin du crime ne constituerait un alibi que si Christian s’était encore trouvé chez son père dans la fourchette horaire où Marie-Dolorès a été enlevée à Sainte Agnès.

    Et je ne peux m’empêcher de penser que, si tel avait été le cas, Jean Ranucci – aussi peu intéressant que semble avoir été le personnage – aurait témoigné en faveur de son fils.

    La conspiration du silence familiale dont vous parlez n’est donc qu’une théorie parmi d’autres. Pas impossible, je veux bien, mais improuvable.
    Et si conspiration du silence il y a eu, elle ne s’expliquerait que si l’heure de cette visite ne constituait pas un alibi. Autrement dit, si Christian avait sonné à la porte en début de matinée et avait été éconduit tout de suite : en somme comme le dit Mme Casaregola dans sa lettre.
    Dans ce cas, on peut à la rigueur comprendre pourquoi la famille a préféré se taire : leur témoignage n’aurait pas sauvé Christian mais aurait eu l’inconvénient de les mêler, eux, à cette affaire, et d’une manière qui ne leur donnait guère le beau rôle : un père qui refuse de recevoir son fils qu’il n’a pas vu depuis 20 ans, ce n’est pas très glorieux …

    Sauf informations nouvelles allant dans le sens de votre thèse, je ne peux donc, à l’heure actuelle, aller au-delà de ce que je disais déjà il y a 2 ans. A savoir :

    Je suis personnellement convaincue que Christian Ranucci avait l’intention d’aller voir son père. Ce projet de visite, la première fois où il disposait d’une voiture, est psychologiquement très crédible, très probable.

    Je n’exclus même pas que sa beuverie de la veille au soir ait peut-être eu pour but de lui donner du courage pour cette visite.

    Rien ne permet cependant d’affirmer que cette visite a bien eu lieu.

    Et si elle a eu lieu, rien ne permet d’affirmer si Christian a été reçu, s’il a trouvé porte close ou s’il a été éconduit dès le seuil.

    1. Il paraît pourtant remarquable que Christian Ranucci s’étant trouvé sur la route d’Allauch, s’ensuive un indice du fait qu’il est possible qu’il ait retrouvé son père ce matin là et que le juge d’instruction ne s’en soit pas préoccupé, manière inattendue d’instruire à charge et à décharge. C’est ne pas instruire du tout. Or, lorsque quelqu’un risque sa tête, le constat peut paraître tout de même ennuyeux.

      Il est pour le moins audacieux en quelque sorte, comme le fait la Cour de cassation, de prétendre que l’accusation tient du seul fait qu’il n’y a pas eu d’enquête. Elle fait d’un terrible défaut une bien indécente vertu.

      Et l’on a désormais connaissance de ce que les quatre prétendus éléments de preuves se révèlent tous truqués :

      – que ce soit le plan qu’aurait dessiné Christian Ranucci des lieux de l’enlèvement et qui n’est en réalité qu’un décalque d’une photographie du cadastre,
      – que ce soit le couteau dont on s’aperçoit qu’il a peut-être été découvert le 5 et qu’on a pu le replanter le 6 pour faire accroire que Christian Ranucci avait désigné son emplacement,
      – que ce soit le pantalon qui se trouvait dans le garage privatif et non dans le coffre de la voiture et dont les taches de sang proviennent à nul doute de l’accident de mobylette survenu au début du mois d’avril,
      – que ce soit enfin le témoignage Aubert dont on aperçoit que ces personnes ne se sont jamais approchés du coupé 304 et n’ont vu ni l’enfant, ni Christian Ranucci mais bien une autre personne.

      Le tableau de l’accusation est aujourd’hui en ruines.

      Je considère effectivement que la famille Ranucci n’est visiblement pas en paix avec elle-même à propos du fils guillotiné. Elle présente les choses d’une façon pour le moins chantournée.

      L’on remarque à tout le moins que, de ce lien, Christian Ranucci ne parle pas, il est tout proche de la maison de son père, mais il le dissimule soigneusement en ne l’évoquant jamais. Aussi, considérer que le père ne parle pas, c’est considérer en même temps que le fils non plus ne dit rien. Or il ne peut pas ne rien dire sans qu’il y en ait une cause : il sait que son père habite tout près et s’il ne révèle rien, c’est que l’ombre recouvre leur relation derrière le mur du secret. L’occasion était trop belle d’annoncer – pour se disculper – qu’il se trouvait à cet endroit justement parce qu’il venait voir mon père…

      Qu’il s’en prive jusqu’au seuil de la mort désigne bien plutôt son innocence.

      Mme Casaregola ne daigne parler que lorsque son propre père, le grand-père de Christian Ranucci est décédé, ce si grand silence est inattendu : s’il s’agissait de dire quelque chose qui ne décharge pas son neveu, il valait mieux se taire.
      Mais visiblement, ces gens là ont des choses à se reprocher, et donc ils décident « de faire des révélations ».

      Mme Casaregola évoque de prétendus témoins qui auraient entendu son père évoquer telle ou telle chose … Je vous donne raison, c’est terriblement compliqué. Pour quelle raison Mme Casaregola n’incite pas Maître Lombard à interroger Nénette ? Le principal témoin à ses yeux… ?

      Il faut en conclure que Nénette ne souhaite pas s’exprimer. Le fait est curieux, tandis qu’elle s’est contenté de refermer la porte à son nez d’après ce que raconte Léopold Ranucci, et Jean Ranucci n’était pas présent. À la bonne heure, pourquoi ne rien dire au commissaire Alessandra ? Ce serait si simple d’affirmer – au lieu de prétendre qu’on ne connaît pas le visage de son fils quand celui-ci trône en première page de tous les journaux de la région… – ma compagne lui a refermé la porte au nez.

      C’est donc que ces gens là ne disent pas la vérité et que Mme Casaregola a bel et bien interrogé son frère – l’histoire est impromptue, voilà un fils qui sonne à votre porte, que vous n’avez pas vu depuis 17 ans et on ne dirait rien au Commissaire Alessandra ?

      Donc Mme Casaregola a bien interrogé son frère qui lui a sans doute murmuré deux ou trois choses sur une rencontre qui a dû se produire. Et comme la sœur ne veut pas mettre son propre frère dans l’embarras, elle utilise la voix du père qui est opportunément décédé et donc ne saura contredire personne.

      Le récit de Mme Casaregola a le défaut d’être absurde : Votre petit client, Maître Lombard, lui aurait répondu: «Je suis venu voir mon père.» Une réponse sèche claqua: «Il n’est pas là. Il faut partir.» Christian resta devant le portail fermé et s’en alla très bouleversé. »

      Voilà un jeune homme qui sonne à la porte, on lui dit que son père n’est pas là et qu’il faut partir. On ne lui dirait pas de revenir à un autre moment ? C’est incohérent. Alors Christian reste devant le portail fermé sans rien demander d’autre, ni même laisser un message ? Ne veut-on pas plutôt signifier qu’il est demeuré un moment à discuter avec son père pour s’apercevoir que tout était enclos dans le ressentiment, comme au premier jour ?

      Sinon comment expliquer le fait qu’il aurait été « très bouleversé » ? Il est – non pas dans l’état de pleurer toutes les larmes de son corps face à l’indifférence de son père comme Ludovic Chancel – mais sans doute bouleversé de l’avoir revu. Il ne le serait pas de croiser durant deux secondes une belle dame inconnue qui claque la porte aussitôt qu’elle est ouverte.

      Pour toutes ces raisons nous pouvons sans doute comprendre que Christian Ranucci a bel et bien revu son père et qu’il est reparti « très bouleversé ».

  4. Je suppose que vous êtes au courant du dernier fait nouveau en date : l’expertise Esperança sur les taches de sang du pantalon (l’une des principales pièces à conviction sur laquelle a été prononcée la condamnation à mort).

    J’avoue que c’est extrêmement troublant.

    1. Je crois que j’ai tenté de donner l’explication la plus complète à partir des indications que m’a transmises Michel. Elle sont accessibles à cette page :

      La vérité apparue de cet empressement même…

      Il ne se trouve dans l’expertise qu’une confirmation : les charges d’accusation sont en ruines. Mais l’on peut peut-être aller plus loin, il est bien possible que l’homme au pull rouge avait l’intention de cacher dans les profondeurs des galeries ses vêtements tachés de sang. L’inspecteur Grivel évoque lors d’une interview pour M. Bonnot d’un pantalon « inondé de sang » – locution sur laquelle il insiste en la répétant une seconde fois.
      Il semble bien qu’il ne peut s’agir du pantalon bleu qui n’est pas « inondé de sang », mais orné de deux larges taches formées par du sang tombé du visage en goutte à goutte lorsque le vélomoteur se trouve à l’arrêt.

      Si l’inspecteur Grivel évoque un pantalon « inondé de sang », on peut tout aussi bien imaginer que les policiers ont eu l’idée de fouiller les galeries de la champignonnière plus profondément et qu’ils ont pu retrouver le « paquet volumineux » dont parle M. Aubert. Et que ce paquet contenait effectivement, notamment, un pantalon « inondé de sang. »

      Il n’était alors pas question de faire entrer de telles pièces à conviction dans la procédure.

    2. Bonjour Malve, j’ai passé l’après-midi à lire tous ces commentaires, qu est ce que l’expertise Esperança dont vous parlez ? Quand vous dites récente, c’est 2013 ? Puisque votre post date de cette année, mais je croyais que seul le pull rouge avait été retrouvé et que ce fameux pantalon avait été détruit peu de temps après l’affaire comme ça se pratiquait à l’époque ? Ça m’intéresse vivement. J’espère que vous verrez ce message…

  5. Bonjour, Olga,

    Je ne découvre votre message que maintenant – soit des années après – car je n’étais pas retournée sur ce site depuis des années et n’ai pas non plus reçu de mail m’avertissant de votre courrier.

    Philippe Esperança est l’un des tout premiers spécialistes en France de l’analyse morphologique des traces de sang. C’est lui qui a, entre autres, réalisé la lecture des taches de sang dans la tuerie du Grand Bornant, il y a quelques années.

    Un ami à moi qui s’intéresse à l’affaire Ranucci a eu un jour l’idée de le contacter pour lui demander s’il serait d’accord pour effectuer une analyse à partir d’une photo du fameux pantalon taché de sang considéré par l’accusation comme le pantalon porté lors de l’assassinat de la petite Marie-Dolorès Rambla alors que Ranucci et sa mère soutenaient qu’il s’agissait d’un vieux pantalon taché de sang lors d’un accident de vélomoteur de Ranucci quelques semaines avant le drame et dont il ne se servait plus que pour faire des travaux.

    Ce pantalon faisant partie des scellés détruits, il n’en reste qu’une photo et mon ami ne savait pas si des recherches étaient possibles à partir d’un support aussi indirect. Mais Philippe Esperança lui a dit qu’il existait désormais des dispositifs assez puissants pour qu’une analyse fiable soit réalisable sur ce genre de support. La photo lui a donc été envoyée, accompagnée du rapport d’autopsie et du texte des aveux de Ranucci (rétractés par la suite).

    Le résultat est arrivé deux jours après. Esperança précisait qu’il avait pris la précaution d’envoyer les 3 supports à une consœur américaine qui était arrivée aux mêmes conclusions que lui.

    Selon cette expertise, donc : les taches de sang que l’on observe à l’aine et sur une poche ne peuvent en aucun cas résulter du meurtre de Marie-Dolorès Rambla. Ni tel qu’il est décrit par Ranucci dans ses aveux, ni tel qu’il est exposé dans le rapport d’autopsie. Les coups de couteau tels qu’ils ont été portés auraient, selon Esperança, produit des projections qui auraient donné des taches en forme d’étoiles, alors que les taches que l’on observe sur le pantalon sont des taches arrondies, épaisses, qui ont été produites par une coulée de sang venant d’en haut tombant perpendiculairement goutte à goutte dans les replis du pantalon du porteur qui formaient un bassin de retenue. Ce qui correspondrait bien à l’accident de vélomoteur dont parlent Ranucci et sa mère, au cours duquel Christian aurait saigné du nez.

    Je dois préciser que, un an avant l’expertise Esperança, un autre ami avait déjà fait l’expérience sur un vieux jean, monté sur une bicyclette, avec une pipette remplie d’un liquide rouge tenue à hauteur de son nez : les taches obtenues étaient tout à fait semblables à celles de la photo : des taches aux contours arrondis, en forme de mares.

    Cette expertise Esperança ne m’a malgré tout pas permis d’arriver à une conclusion d’innocence car il existe par ailleurs d’autres charges qui résistent. Mais elle me paraît extrêmement troublante.

    Je suppose que vous avez probablement entre temps, depuis toutes ces années, déjà entendu parler de cette expertise, mais, au cas où elle vous aurait échappée, je me permets de vous l’envoyer afin que vous puissiez inclure cette donnée dans votre réflexion personnelle sur cette affaire.

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