Il pouvait s’imaginer que l’homme au pull rouge ait recommencé, plus tard, dans l’invisible.

Une responsabilité incommensurable revenait au Président de la Cour d’assises d’Épinal, de ses assesseurs, des jurés, puis à celle de Maître Welzer qui appuya l’accusation pour les parties civiles et promit de s’insurger contre toute demande de révision, d’avoir commis cette faute de condamner injustement Raphaël Maillant à 17 ans de réclusion criminelle.

Une jeune femme de La Rochelle qui n’espérait nulle compassion sinon vivre une histoire d’amour serait sans doute vivante encore, elle qui s’était éprise pour son malheur – sans rien connaître de son passé – de celui qu’on avait déchargé du crime au prétexte de sa timidité.

Le jury et les parties civiles tout comme l’accusation passaient sous silence que l’humilité pour être feinte se révélait en quelque hasard parfois la face accueillante du signe de l’intense dérèglement de la personnalité.

Le jury d’Épinal a vraisemblablement choisi le mauvais coupable, puis la Cour de cassation a fait obstruction durant des années pour barrer la route à toute révision, et laissé celui sur qui pesait de terribles soupçons sans doute seul responsable du crime avec ses remords intérieurs. Vingt ans plus tard il a peut-être recommencé, il s’en est peut-être pris à sa femme, à la mère de son fils. Il est mis en cause pour avoir usé d’une insigne violence et de l’avoir tuée.

Qu’en est-il de cet être à la folie rageuse, agressive : l’homme au pull rouge ?

L’homme au pull rouge va recommencer, l’homme au pull rouge va récidiver…

L’homme au pull rouge va recommencer… C’est ce qui se murmure lorsque l’on comprend que Christian Ranucci n’est pas le meurtrier de Marie-Dolorès Rambla.

Les jurés d’Aix commettent une double méprise, ils ne se contentent peut-être pas de livrer au bourreau la tête d’un jeune homme presque adolescent, ils condamnent ceux qui, un jour dans quelques années, trouveront sur leur chemin l’être qui va surgir et les agresser en réparation de ses propres failles.

Alors pour conjurer ce présage sensible, les enquêteurs tentent de nier jusqu’à son existence, le pull à les en croire  s’évanouirait de lui-même dans les profondeurs du souterrain de Valbonne.

Il suffirait pourtant de garder en sa mémoire ce qui compose l’ordre des faits, et les images silencieuses qui sont comme l’empreinte de cette âme mystérieuse et tourmentée, lui qui a asséné 15 coups de couteau avec acharnement. Les pensées d’un tel meurtrier sont des images lancinantes qui tourbillonnent en lui, son crime retourne à la nuit et sculpte une autre mémoire qui se reforme à sa conscience comme un corps trop léger vient jaillir à la surface de l’eau.

La réminiscence des caves, des parkings, celle d’un chemin qui gravit la montagne en un paysage sauvage et déserté ; le coin d’un immeuble au sillage d’une route qui conduit vers les sentes, là où l’on peut se dissimuler des regards et revivre l’intensité, tout ceci composait une pensée en vérité. Du soir ou bien du matin, elle s’élève dans toute sa pâleur fusible ou bien s’engouffre dans une étrange obscurité.

En gardant à l’esprit ces mêmes figures, en laissant en rêverie les faire reparaître, il suffisait de les projeter sur le réel pour délimiter ce qui saurait s’y apparenter comme présomption. Même si la ressemblance n’est qu’un estompé, il est possible qu’il ait recommencé.

Ludovic Janvier – 17 mars 1983

1983 – le 17 mars, comme à l’image d’un cycle, la scène se déroule en Isère, à Saint-Martin d’Hères dans la banlieue de Grenoble. Ludovic Janvier, six ans et demi est parti avec ses deux frères, Jérôme sept ans et demi et Nicolas 2 ans et demi, acheter des cigarettes pour son père.

Un homme en mobylette, vêtu d’une combinaison de travail les aborde sur le chemin du retour et leur propose de chercher son chien loup, en échange de quoi il promet des bonbons et par ce stratagème sépare le groupe. Les deux frères entreprennent de faire le tour du pâté de maisons tandis que Ludovic reste seul avec l’inconnu. Lorsque Jérôme revient sur la place, Ludovic a disparu.

Place de la République

Le scénario semble absolument une réplique de celui de l’enlèvement de Marie-Dolorès : chercher un chien, un chien noir, un chien loup, faire le tour du pâté de maisons tout près d’une cité, pendant que le petit frère, comme autrefois la grande sœur, se livrera à lui, soudain tout seul.

Lorsque France-Soir publie un article sur le sujet en août 2010, le journaliste ne manque pas de faire le rapprochement, suggérant que le ravisseur de Ludovic se serait inspiré de celui de Maria-Dolorès Rambla. Évoquer une imitation, c’est éloigner le spectre de l’évidence de l’innocence de Christian Ranucci, que l’auteur fait reparaître d’une autre façon, en usant du vocable « imputer » pour laisser entendre que l’accusation contre le jeune guillotiné n’est plus aussi certaine.

Il se révèle en réalité que le procédé dont use l’inconnu est à ce point semblable qu’il ne peut plus s’agir d’une imitation mais bel et bien d’une répétition :

La mission n’était pas périlleuse : le tabac se trouvait de l’autre côté de la place de la République, juste en face de la maison et à côté de la poste. « À deux cents mètres à peine », précise Virginie, aujourd’hui âgée de 32 ans. Sur le chemin, un homme « de taille moyenne », portant « un casque de moto sur la tête », se rappelle Jérôme, accoste les trois enfants. « Il a dit à Ludovic : “Si tu m’aides à trouver mon chien-loup, je te donnerai des bonbons” ». C’est en tout cas ce qu’a rapporté Jérôme à ses parents, puis aux gendarmes. 

« Vivic » n’a pas hésité et n’est plus jamais revenu. L’inconnu l’a-t-il appelé par son prénom, comme s’il le connaissait ? Jérôme croit bien s’en souvenir, mais n’est plus sûr. Le ravisseur a-t-il prononcé cette phrase au hasard, présumant qu’elle ferait mouche auprès du garçonnet – après tout, le même stratagème n’avait-il pas fonctionné, neuf ans plus tôt à Marseille, lorsque l’auteur du rapt de Marie-Dolorès Rambla avait envoyé le grand frère de l’enfant « chercher son gros chien noir » ? Le meurtre de la fillette de 6 ans, imputé à Christian Ranucci en 1974, et son mode opératoire avaient effrayé la France entière…

C’est ainsi que s’évanouit Ludovic pour toujours, cette fois sans laisser aucune trace car désormais il ne subsiste plus de témoins, plus de garagiste pour l’apercevoir. Et l’on peut imaginer aisément le ravisseur ayant délaissé le cyclomoteur, emporter l’enfant dans une voiture, le trajet même qui l’éloigne de la ville et chemine en grimpant dans la montagne et le désert, la nuit venue.

La nuit.

Désormais, il s’entoure de précautions, le vélomoteur permet de dissimuler le véhicule qui n’apparaîtra plus aux yeux des enfants témoins de la scène.

La description de la méthode d’enlèvement de Marie-Dolorès Rambla puis de celle de Ludovic Janvier

fait apparaître de fort troublantes similitudes…

…qu’on ne saurait mettre en évidence sauf à démontrer sans équivoque aucune

l’innocence de Christian Ranucci

Grégory Dubrulle – 10 juillet 1983

Le stratagème que le ravisseur emploie pour s’emparer de Gregory Dubrulle, 8 ans, est le même que celui mis en oeuvre lors du rapt de Vincent Gallardo en 1976 près de Toulon – faire semblant de chercher son chemin. L’inconnu surgit en voiture devant l’entrée de l’immeuble où l’enfant vient de descendre pour jouer, rue Adrien Ricard à Grenoble. L’homme conduit une Mercedes marron et jaune.

Le trajet que cet homme effectue ressemble pourtant dans sa typologie à celui que parcourut Marie-Dolores Rambla, s’élevant dans les hauteurs au-dessus de Grenoble, puis empruntant un chemin de traverse pour gagner une décharge publique, où Gregory sera jeté inanimé, après avoir subi de violents coups à la tête, comme il fut pour Marie-Dolores et des coups de sabre sur le crane.

Grégory est retrouvé alors qu’il est parvenu à regagner le sentier près de Pommiers, au col de la Placette, malgré ses blessures.

Rue Ricard Ludovic Dubrulle

Dans le récit qu’il fait, il indique que l’homme l’a forcé à se tapir sur le plancher de la place passager et de ne plus bouger. L’enfant terrifié se murait dans le silence, tandis que l’homme ne lui a plus adressé la parole, tout à ses afflictions intérieures. Gregory a perdu connaissance et ne se souvient plus de rien de ce qu’il a subi.

De même qu’il en est de l’affaire Gallardo, le sentiment qu’il en survient est celui d’une exécution, froide, inerte, comme pour recouvrir l’enlèvement précédent. Les deux affaires comparées à celles qui se sont déroulées dans les environs de Marseille dix ans plus tôt paraissent en élaborer un miroir trouble, inquiétant. Comme s’il se croisait à cet instant le destin de l’homme au pull rouge, animé d’un sentiment de puissance, sans que l’on ne puisse concevoir à cet instant d’autre hypothèse véritablement sinon qu’il a recommencé selon le même enchaînement opératoire, à noter cependant que se reproduisaient à l’époque, dans la région de Grenoble, ces liens sulfureux entre politiques, service d’action civique et quelques personnages affairistes…

Toujours est-il qu’il suffit à un homme – d’ailleurs accusé à tort – d’évoquer pour nourrir sa défense l’affaire Ranucci, pour qu’aussitôt l’institution judiciaire prenne des mesures afin de tout cesser  : l’institution judiciaire et l’institution policière, s’il s’avérait que le ravisseur est le même que celui qui opéra à la cité Sainte-Agnès en 1974, aurait crainte qu’il ne faille rouvrir un dossier qui deviendrait alors plus encore accablant.   

Le trajet que suit le ravisseur de Gregory Dubrulle semble une réplique presque parfaite de celui de Marie-Dolorès Rambla : une route qui gravit la montagne, un chemin de traverse…

Sharazed Bendouiou – 8 juillet 1987

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L’immeuble où résidait Sharazed  se situe à Bourgoin-Jallieu, une ville nouvelle édifiée lors des trente glorieuses non loin de Grenoble, sur une aire interdite aux voitures, cependant l’on peut se garer au coin du bâtiment et s’enfuir tout aussi aisément par ce chemin, comme il en était pour la cité Sainte-Agnès. La physionomie des lieux :  des parkings, le coin d’un cité,  laisse entrevoir une typologie comme transposée de ce qui se déroulait à Marseille treize ans plus tôt.

Sharazed a disparu alors qu’elle venait de descendre de l’appartement de ses parents pour vider des poubelles. Personne n’a assisté à l’enlèvement et l’enfant n’a jamais été retrouvée.

Les ressemblances ne se rapportent qu’à la mémoire, pour peu qu’elles invoquent la providence. La cité où vit Sharazed s’appelle  cité des Tilleuls.

Et puis encore Fabrice Ladoux, dont le corps est retrouvé à une vingtaine de kilomètre du lieu où il fut capturé par un mystérieux ravisseur. L’arrestation et la mort de Christian Ranucci a sans doute empêché que l’on puisse tenter un rapprochement et l’on ne sait ce qu’il en résulterait.

Peut-être l’homme au pull rouge a-t-il disparu ensuite et n’a pas réitéré l’acte criminel de 1974, cependant, l’on ne peut qu’être profondément troublé par les concordances qui paraissent ça et là dans ces affaires qui ne seront sans doute jamais élucidées.

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Qu’a-t-on pu promettre aux familles, une procédure rigoureuse et implacable ? Encore fallait-il dénicher le coupable, les coupables s’il en fût plusieurs. Une chose est certaine, l’on ne pouvait découvrir en Isère la présence de l’homme au pull rouge, au risque de déranger la quiétude de l’institution.

Il a fallu tant de temps et l’insistance patiente de Ferouz Bendouiou pour qu’il fut décidé que ces affaires pouvaient receler de sulfureuses ressemblances de circonstances, au-delà du travail minutieux de la gendarmerie et s’empresser soudain d’organiser de nouvelles recherches. Mais comment, sans même le fragment d’une  immatriculation comme  celle qu’avait pu préserver  dans sa mémoire  Mme Mattéi, pourrait-on  songer à percer un tel mystère ?

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L’on peut constater cependant qu’il ne demeurait plus aucune vindicte, ni aucune ardeur, les politiques s’étaient brutalement assagis et l’excitation de l’opinion publique évanouie.

Après avoir soulevé la fureur d’une exécution capitale, les enlèvements d’enfants ne suscitaient qu’une vague acrimonie…

Jean Lecanuet justifiait l’assassinat de Christian Ranucci en ayant espéré qu’il eut été exemplaire, et qu’il viendrait en apaisement. Si l’on en croit ce qu’il advint ensuite en Isère, il n’en fut rien et survint à l’inverse son contraire exact. Et nulle élucidation pour permettre d’infliger au véritable coupable cette fois, une autre peine tout aussi dissuasive que la première.

Par ces enlèvements sans cause, ces disparitions et ces éclats tragiques, le souvenir du guillotiné est venu hanter, resplendissant et sage, l’âme de ceux qui vouent au châtiment la valeur qu’il ne peut détenir.

Et rappeler que par la grâce de l’erreur judiciaire, l’homme au pull rouge rode désormais en notre esprit, pour toujours…

Chapitre 49

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15 réflexions sur “48 Et peut-être l’Isère…

  1. L’affaire Christian Ranucci a été détaillée largement, donc il n’est pas difficile de connaitre le modus operandi ! De plus, tous les enfants ont le même mode de pensée (prétendre avoir perdu son chien plus des bonbons en récompense…, on joue sur l’affect à quoi s’ajoute une récompense, cela marche à coup sur !). Tous les agresseurs jouent le même scénario, ça marche! De plus quand on a étudié un MINIMUM l’affaire Ranucci, on n’affirme pas que le ravisseur de Marie Dolorès a frappé 10, 20 ou bientôt 50 ans plus tard !!!

    1. Que l’on ait pu connaître le mode opératoire et que d’autres s’en soient inspiré, cela n’est pas à écarter et le lien entre l’affaire Rambla et les affaires Bendouiou, Janvier et Dubrulle demeurent des hypothèses.
      Cependant, les choses sont un peu plus complexes il semble : en effet ce ravisseur précisément s’adresse à plusieurs enfants et son idée est de les séparer en montrant plusieurs chemins et profiter du fait qu’il se retrouve seul avec l’un d’eux.
      Et cela, c’est particulier et propre à ce ravisseur là. L’affaire Marie-Dolores Rambla date de 1974, celle de Ludovic Janvier de 1983, cela ne fait jamais que neuf ans. Ce genre de personnage psychotique détient des modes de fonctionnement particuliers qu’il est difficile de comprendre parce que justement ils sont sinueux, inattendus, impénétrables sans doute même à lui-même. Rien n’empêche de penser que la sidération du crime de 1974 fait que cet homme se soit muré plusieurs années en lui-même et qu’il n’ait recommencé qu’en 1983. De cela on ne sait rien. On retrouve ce genre d’interrogations avec l’affaire du grelé : les crimes sont parfois espacés de plusieurs années : qu’a-t-il fait entretemps ? Est-il parti à l’étranger etc… Ce qui frappe dans l’affaire Ludovic Janvier c’est la similitude du processus, et pour l’affaire Bendouiou, la similitude des lieux, cela en est particulièrement troublant.

  2. Le raisonnement tient la route sans aucun doute… Mais il faut prendre en compte qu’aucun parent, digne de ce nom, ne laisserait aller jouer son enfant SEUL en dehors de la maison. Donc à moins d’attendre de tomber sur des parents parfaitement indignes, le ravisseur (quel qu’il soit) sera forcé de s’adresser a un groupe et de les séparer afin d’isoler sa victime… De plus, entre l’affaire Ranucci et l’affaire Ludovic Janvier, ce n’est pas du tout le même profil de victime. Les délinquants sexuels sont des « fétichistes ». Ils ont leur « préférence », comme Mr Mme tout le monde (certains aiment les brunes, d’autres les blondes, etc, etc…). Car dans l’affaire Ranucci le but était d’abuser de la petite…

    1. Certains parmi les prédateurs sexuels savent repérer des enfants seuls, et l’inattention peut être de courte durée, cela n’empêchera rien. Le fait qu’il aborde deux ou trois enfants peut devenir une caractéristique dont j’admets toutefois qu’elle est largement insuffisante. Ce qui me trouble, c’est la façon dont il s’y prend pour éloigner le plus grand et garder le plus petit, en indiquant de faire le tour du pâté de maisons ou de l’immeuble.
      Nous ne connaissons rien des préférences du grand psychopathe qui a enlevé Marie-Dolorès. Que rapporte Mme Mattéi : qu’elle a vu cet homme un matin tenter d’enlever un petit garçon. De l’âge de Ludovic Janvier. Or donc les « préférences » dont vous parlez sont peut-être simplement liée à une avidité de pureté, celle d’un enfant qui n’a plus de sexe tant l’identité de l’agresseur est détruite. Vu ce que dit Mme Mattéi, le rapprochement entre Ludovic Janvier et le garçon que cet homme a tenté d’enlever Cité des Tilleuls prend tout son sens.

  3. Le témoignage de Mme Mattéi était faux ! Elle a raconté son histoire un an après les faits, après avoir connu personnellement Mme Mathon, elle a repris mot pour mot ce que les journaux ont dit. De plus aucune trace de sa plainte qu’elle prétend avoir déposée a été retrouvée ! Lors du procès elle a fait une prestation lamentable. Même Perrault le reconnait… Ranucci n’était pas semble t’il à son coup d’essai (affaires Pappalardo et Spinek) à l’époque de ces deux affaires, Ranucci résidait à Nice, lors de l’assassinat de Marie Dolorès il était à Marseille… Ce sont pour le coup des coïncidences troublantes….

    1. Mme Mattéi a rencontré Mme Mathon devant la porte des Baumettes :

      «J’attendais mon tour, raconte Héloïse Mathon, mon numéro d’appel à la main, au milieu d’un grand nombre de personnes, et j’ai remarqué pas très loin de moi une petite femme brune d’une quarantaine d’années, très mince. Elle se plaignait du sort de son fils, qu’elle allait voir aux Baumettes, et de son propre sort. Quelqu’un lui a dit en me désignant : « Il y a plus à plaindre que vous… Regardez cette dame : son fils est accusé d’avoir tué une fillette. »

      « Le jeudi suivant – c’était le 19 juin – j’étais de nouveau aux Baumettes et j’ai vu s’approcher de moi cette dame brune. Elle tenait dans les bras un bébé. J’ai su par la suite que c’était la fille de son fils et qu’elle venait la lui montrer au parloir. C’était elle qui s’en occupait, d’après ce que j’ai compris. Elle avait bien du mérite parce qu’elle avait déjà huit enfants, dont certains encore très jeunes.

      « Elle ma dit: « Excusez-moi, Madame, mais on me dit que vous êtes la maman du garçon qui a été arrêté pour l’affaire de la petite Marie-Dolorès, l’an dernier… » Je lui ai répondu: « Oui, Madame, c’est bien moi. » Elle a eu l’air étonné. Elle m’a dit: « Je suis vraiment étonnée. Je croyais qu’on l’avait relâché depuis longtemps. Ce n’est pas lui qui a enlevé la petite. Je le sais parce que l’homme qui a fait le crime a essayé d’enlever ma fille Agnès. Je l’ai vu de mes propres yeux. C’est un homme qui a au moins trente ans. » Évidemment, j’ai été saisie. Mais juste à ce moment-là, on a appelé mon numéro et il a fallu se séparer. Elle m’a vite donné son adresse et elle m’a dit: « Encore mieux : attendez-moi après le parloir au café d’en face. Je vous expliquerai tout ça.»

      « La dame m’attendait au café d’en face ; elle était en train de donner le biberon au bébé. Elle m’a dit qu’elle s’appelait Mme Mattéi et qu’elle habitait la cité des Tilleuls, à Saint-Jérôme. C’est plus loin que la cité Sainte-Agnès mais dans la même direction. Ce qu’elle a vu, elle croyait bien que c’était le samedi 1er juin 1974, mais de toute façon la police avait dû noter toutes les dates. C’était l’après-midi. Elle mettait du linge à sécher dans sa salle de bain, qui donne sur le devant, et elle a vu un homme avec un pullover rouge et un pantalon vert foncé qui avait garé sa voiture – une Simca 1100 grise – de l’autre côté de la haie de lauriers-roses qui sépare les bâtiments. Cet homme parlait avec un petit garçon de six ans, Alain Barraco. On a su après qu’il lui avait demandé d’appeler l’autre garçon avec qui il jouait. Mme Mattéi ne connaissait pas le nom de ce petit garçon parce qu’il habitait bien la cité, mais dans un bâtiment éloigné, et elle n’a pas pu le savoir parce que la famille a déménagé tout de suite après. En tout cas, il avait les cheveux frisés. Alain Barraco l’a donc appelé et le petit frisé s’est approché de l’homme, qui l’a pris par le bras et a essayé de l’attirer à l’intérieur de sa voiture. Le petit frisé a réussi à se dégager et il a couru en criant. L’homme a démarré aussi­tôt. Il est parti par une issue qui rejoint le chemin du Merlan.

      L’autre procédé inqualifiable dont se sert l’accusation consiste en une opération d’appel à témoins, où les enquêteurs se permettent de publier la photo de Christian Ranucci – pour cette fois veille-t-on à ce qu’il porte ses lunettes… – en passant une petite annonce qui fleure bon le respect de la présomption d’innocence, pour recueillir des dépositions appuyant le fait qu’il aurait agressé auparavant des enfants.

      Il s’en trouve deux, Mme Spineck et M. Marc Pappalardo à rapporter ces dénonciations pour le compte de leurs enfants Sandra et Patrice. Lors de la seule confrontation, Christian Ranucci n’est assisté d’aucun avocat, ce qui ne choque nullement le juge d’instruction Ilda Di Marino. On ne dira jamais assez la haute conscience des avocats français, voilà pourtant un client qui risque la mort et voilà qu’ils ne sont pas présents…

      Un homme vêtu d’un imperméable gris ou vert, portant des lunettes, aurait poursuivi Sandra Spineck dans les escaliers lorsqu’elle rentrait chez elle et sa mère se serait interposée, cependant rien n’est résolu sur la possibilité que Christian Ranucci ait pu matériellement être présent à ce moment puisqu’à cette époque, il se trouvait en Allemagne et que les dates imprécises avancées par la mère ne semblent pas correspondre à ses périodes de permission, qu’il ne possédait nul imperméable de cette couleur – à moins qu’il n’ait décidé de se déguiser en empruntant l’imperméable kaki attribué par l’armée (tout est possible…). Sandra Spineck d’ailleurs ne le reconnaît pas. De même, aurait-il emmené dans un parking un enfant de quatre ans dénommé Patrice Pappalardo pour discuter avec lui et lui offrir des bonbons, et celui-ci l’aurait reconnu d’après son père en sa présence le lendemain. Mais Patrice Pappalardo lui non plus ne reconnaît pas Christian Ranucci… Et bien entendu, le magistrat instructeur ne jugera pas utile de faire vérifier s’il était possible que Christian Ranucci ait pu être présent dans le hall d’immeuble comme le prétend Marc Pappalardo… Un inculpé qui risque la peine de mort ? pourquoi s’embarrasser…

      Chose curieuse, Christian Ranucci n’est pas le moins du monde inculpé pour ces faits, qui relèvent pourtant du tribunal correctionnel. C’est dire le sérieux du procédé et l’assurance des enquêteurs.

      Ce sont des affirmations de témoins que rien ne vient corroborer. En revanche le réquisitoire ne fait nullement mention du fait que sa mère gardait des enfants et que ces enfants là adoraient Christian Ranucci et regrettaient de ne pas le voir lorsqu’il s’absentait.

      Rappelons que les enquêteurs ont truqué 4 fois le dossier :

      1/ En prétendant que Christian Ranucci avait dessiné un plan des lieux de l’enlèvement, or il s’agit d’un décalque d’une photographie du cadastre.

      2/ en replantant le couteau découvert le 5 dans la tourbe le lendemain pur faire croire que celui-ci était découvert d’après ses aveux alors qu’il a été découvert AVANT.

      3/ en subornant les témoins Aubert qui n’ont vu l’homme que deux secondes s’enfuyant dans les collines et qui ne pouvaient voir Marie-Dolores, laquelle avait été tuée une heure auparavant.

      4/ En rendant la voiture à Mme Mathon, alors que la reconstitution n’avait pas eu lieu, laquelle Mme Mathon ne sait pas conduire pour avoir un prétexte pour aller dans le garage récupérer un pantalon taché de sang qui gisait là depuis un mois par suite d’un accident de mobylette un jour de pluie et faire croire en falsifiant un pv de saisie qu’il avait té découvert dans le coffre de la voiture.

      Merci et bravo la police française.

        1. On le déduit de ce que M. Aubert dit aux gendarmes, tels qu’il le retranscrivent dans leur rapport : quand il arrive il dit qu’il n’y a aucun bruit, et qu’il ne voit personne sinon cet homme qu’il a aperçu s’enfuir dans les taillis.

          Si la petite est dans les parages, qu’elle n’appelle pas au secours, qu’elle ne se manifeste pas, c’est qu’elle est déjà morte depuis un moment.

  4. Je me permets de vous poser la question qui a fait que l’administrateur m’as bloqué sur les groupes de discussions « Facebook » : Quelles sont vos sources ? je n’en ai trouvé aucune qui va dans ce sens et cela pourrait m’aider à mieux comprendre les choses… merci d’avance.

    1. Visiblement vous n’êtes pas là pour comprendre mais pour tenter de contrer à toute force. On comprend que les administrateurs des pages « Facebook » finissent pas se lasser. Il existe des sites qui propagent les démonstrations adéquates sur le fait que Christian Ranci serait coupable, les internautes sont assez grands pour les consulter s’ils le souhaitent et vous y interviendrez de façon beaucoup plus efficace qu’ici.

      Vous êtes tout de même gonflé, ce site démontre les choses en se servant des éléments du dossier, des témoignages postérieurs, il les présente, il est illustré. Donc je vous conseille de changer de lunettes pour découvrir enfin les sources qui vont dans le sens du fait que l’enquête en quatre fois a été truquée. On ne dit pas cela en l’air.

  5. Je cherche juste à comprendre d’où vous prenez vos sources, les groupes facebook partent du principe que Ranucci est innocent parce que Laurent l’a décrété !!!
    Mon souci n’est pas vraiment de savoir si Ranucci est innocent ou coupable parce qu’un tel l’affirme et que ça devient un postulat, mais de me faire mon opinion en prenant en compte les sources d’où proviennent les affirmations!!!
    Après me dire que je suis gonflé parce que je ne crois pas à toutes les conneries qui circulent sur le net,ok je suis gonflé !!!
    Mais je constate que j’ose poser des questions que je ne suis pas un mouton !
    Je pensais avoir à faire à quelqu’un capable de justifier ses propos et d’en discuter.
    Mais je me suis trompé, désolé… Donc continuez vos théories !
    Pour info ! J’ai trouvé de véritables éléments indiscutables qui pourraient vraiment permettre d’obtenir une révision de procès.
    Mais comme je l’ai dit plus haut : je me fous de savoir si il est coupable ou non.
    Donc, puisque personne n’est digne de les utiliser à bon escient, je garde mes infos pour moi… À bon entendeur salut!

    1. Si vous vous moquez du fait qu’il soit ou non coupable, je ne vois pas en quoi il vous importe de détenir un élément qui pourrait permettre la révision. Ce que vous dites n’a aucun sens.
      Je vous invite encore une fois à parcourir les pages du site et vous verrez que je cite toujours les sources : soit ce sont des PV qui figurent dans le dossier d’instruction et je mets en fac-similé ce dont je me sers, soit ce sont des passages du livre de Gilles Perrault et je le dis, ou bien des expertises postérieures sur la falsification du PV de saisie notamment, le décalque du plan et du cadastre comme il a été découvert sur le forum… Donc Toutes les démonstrations qui figurent sur ce site sont rapportées aux sources.
      Je me suis rendu sur les lieux et j’ai pris des photos, elles figurent également.

      La question n’est pas de croire ou de ne pas croire, la question est de comprendre ce qui tient ou ce qui ne tient pas dans le contenu des témoignages et des différents apports qui figurent sur tel ou tel site.

      Les éléments que je donne sont issus de réflexions logiques et vous pouvez toujours les contester, je pense que vous faites des simplifications parce que vous survolez certaines choses et prenez certaines affirmations pour argent comptant.

      Permettez-moi d’être sceptique sur votre capacité à proposer un fait nouveau que la « Commission d’empêchement des révisions » pourrait admettre. Et finalement, là où ils sont, Mme Mathon ou Christian Ranucci s’en moquent désormais. L’enjeu n’est plus la révision, la procédure de révision est dépourvue du moindre crédit et les parlementaires se sont déshonorés à voter ce genre de législation. L’enjeu, c’est la vérité.

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