« Sur ce plan que je viens de vous dessiner de ma main, … »

Or donc le plan de l’immeuble prétendument tracé par Christian Ranucci résulte à nul doute d’un décalque. Il est fort vraisemblable que ce décalque provient du plan cadastral, de même dimension, réduit ou agrandi peu importe selon la copie photographique dont il est issu.

Cette illumination qu’apporta Jacques B. (Arlaten proposant d’analyser le dessin en comparaison du plan cadastral) est l’écume des écrits croisés sur l’internet au travers du forum (Lien vers la page du forum initiée par Jacques B.). Il en surgit un terrible dévoilement des procédés dont usèrent les investigateurs pour façonner l’apparence d’une cohérence qui s’effondre par défaut de minutie.

Si l’on voulait suggérer que la dimension exacte de l’immeuble dont Christian Ranucci était censé n’avoir aperçu que l’une des faces, résultait du hasard, alors il apparaissait que le hasard avait eu l’opportunité de se reproduire plusieurs fois. L’angle du dessin de l’immeuble est exactement celui du plan.
On a mis en exergue récemment le fait que figurait sur le plan le tracé du petit muret qui sépare l’entrée des garages du trottoir, censé démontrer que Christian Ranucci – qui par ailleurs ne se souvenait assurément pas du gros platane qui se trouve à gauche – se serait bel et bien rendu sur les lieux et aurait mémorisé ce détail.

Il se trouve que le muret prolongeant l’arrête la plus longue figure lui aussi sur le cadastre par une ligne que le croquis semble reproduire, avec son crochet final, puis tente de masquer en surajoutant deux traits tout autour.

Et de même en imprimant une certaine rotation au plan, suivant un angle déterminé, l’on s’aperçoit que la délimitation de l’emplacement de la placette a été reproduite sur un angle . Et plus encore, en modifiant une seconde fois la rotation du croquis, il transparaît que la largeur de la  petite rue au dessus du platane prolongeant la trace de la placette est la reproduction quasi exacte des pointillés qui figurent l’allée menant aux escaliers.

Par quelle mystérieuse providence Christian Ranucci aurait dessiné avec tant de précision la délimitation qui figure précisément l’emplacement du trottoir sur le tracé cadastral du lot de l’immeuble, que la rotation imprimée a déplacé sur le croquis, et retrouvé avec cette même précision le contour de cette bordure de trottoir qu’il n’est censé avoir aperçu qu’une dizaine de minutes ?

 

 

Or il se laisse deviner que les enquêteurs ont pu présenter à Christian Ranucci une sorte de carte muette constituée de traits calqués selon différents états, en déplaçant la feuille pour espérer brouiller les pistes et empêcher qu’on vienne en surprendre l’origine.

Il ne restait plus qu’à lui intimer de gribouiller quelques annotations, les premières en majuscule pour former une légende intelligible « IMMEUBLES », « RUE » puis les seconds en minuscule au fur et à mesure que l’on reconstituait pour lui le scénario dans une apparence convenable, en transformant le bout de délimitation de trottoir en vague accolade pour finir de masquer sa provenance.

Ainsi la condamnation de Christian Ranucci résulte d’un second trucage : laisser à penser qu’il connaissait les lieux de l’enlèvement et en avait dessiné l’implantation, alors qu’elle résulte bien plus vraisemblablement d’un décalque réalisé par les enquêteurs eux-mêmes.

Mais ce plan ne correspond nullement au fil des événements tels que l’enfant les rapporte et ce que l’on peut concevoir de la préméditation, car il importait peu au ravisseur de se remémorer par où le garçonnet s’était enfui – d’ailleurs par les escaliers et non pas par la rue -, ni tracer l’emplacement des enfants sur le trottoir, mais plutôt indiquer d’une flèche comment la voiture avait gagné vivement la rue Daudet en empruntant la terminaison de la voie rapide, pour faire en sorte que la petite fille ne puisse s’échapper. Cette direction, fondamentale pour la compréhension du déroulement des faits, elle n’y figure malheureusement pas. Et de plus, si la voiture comme l’indique Jean Rambla venait de la rocade du Jarret, alors le dessin la place à l’envers…

« …les enfants jouaient sur un trottoir qui longeait une rue en pente. J’avais garé ma voiture en bas de cette pente, devant un immeuble situé à gauche, en bas de la rue. Les enfants étaient sur le trottoir en face de l’immeuble. À cet endroit, la rue forme un léger virage. Le petit garçon est parti en direction du haut de la rue pour rechercher un animal. J’ai alors discuté quelques instants avec la petite fille et elle est montée sans difficultés dans la voiture.« 

 

Il conviendrait de confronter ces déclarations avec celle de Jean Rambla pour y trouver, si toutefois les aveux ont une quelconque valeur, un parfait exact de l’une à l’autre. Ainsi Jean-Baptiste déclare ceci dans sa première déposition :

« Un homme en voiture est arrivé. Il a garé son auto devant un des garages. Il est descendu et nous a parlé.« 

 

Et l’on découvre aussitôt qu’elles ne coïncident nullement. Pour l’enfant, l’homme s’est garé et les a abordé aussitôt… Puis a fondu sur eux sans attendre, comme pressé de parvenir à ses fins, pressé de repartir avec sa proie, comme l’aigle retombe sur elle, tandis que les aveux laissent penser que le ravisseur se serait attardé, qu’il aurait pris le temps de les contempler pour les aborder sans raison véritable, ni dessein.

« Il m’a d’abord demandé de chercher son gros chien noir qu’il venait de perdre . Il a demandé à ma sœur de rester auprès de lui.
Je suis parti derrière le bâtiment et j’ai fait le tour de la cité pour chercher le gros chien noir. »

Et voici que la déposition de Jean-Baptiste Rambla se superpose moins encore car le garçonnet n’est pas parti pour rechercher un animal, il obéissait à cette invitation d’avoir à retrouver le prétendu chien noir perdu dont l’homme mystérieux alléguait en être le propriétaire, et sans doute lui indiquait-il la direction de la cour de l’autre côté et non pas la rue…

 

Ainsi surtout, l’enfant rapporte être parti derrière le bâtiment, soit à l’exact opposé de ce que l’on insuffle à Christian Ranucci. Jean Rambla n’a pas remonté la rue « en pente », il s’est engagé dans l’allée qui menait à l’escalier, de l’autre côté. Ainsi disparaissait-il plus tôt de la scène et laissait-il mieux le champ libre au ravisseur. Tout au contraire est-il revenu sur la placette en redescendant la rue après avoir fait le tour de l’immeuble.

« Je vous précise que lorsque le petit garçon est parti rechercher l’animal, nous nous trouvions tous les trois à hauteur de ma voiture et sur le même trottoir. Quand nous fûmes seuls, la petite et moi, je lui ai proposé de monter en voiture pour aller nous promener. J’ai « formulé » cette offre à deux reprises car, la première fois, elle a hésité. Finalement, elle a accepté. »

Il ne s’agissait donc pas pour le ravisseur de partir « se promener » et au moins a-t-il proposé à l’enfant de monter dans sa voiture pour chercher le chien plus loin, cela semble un motif bien plus plausible et s’il s’était agi simplement de partir en ballade, la petite fille aurait refusé, se souvenant que sa mère l’avait appelé quelques minutes plus tôt, pour les surveiller, l’homme a dû lui certifier que cela ne serait pas long…

 

 

Lorsque Christian Ranucci est présenté au juge d’instruction, celui-ci tente de parvenir par d’habiles paraphrases à concilier les contraires. Mme Di Marino dicte ceci à sa greffière :

« Comme je ne connais pas la ville de Marseille, j’ai garé mon véhicule dans une rue dont je n’ai pas relevé le nom, je n’ai pas trop insisté pour retrouver mon camarade et, apercevant deux enfants, un garçon et une fillette jouant sur un trottoir, je me suis approché d’eux. La petite fille portait une chemisette, et un short dont j’ai oublié la couleur.
J’ai abordé les enfants, je leur ai parlé, ils m’ont dit qu’ils s’amusaient. L’idée m’est venue d’emmener la petite fille promener et pour me débarrasser du petit garçon, ou plus précisément. pour ne pas l’emmener lui, car, je considère le mot « débarrasser » trop fort, j’ai invité le petit garçon à rechercher un animal que je prétendais avoir perdu. « 

Non seulement elle fait apparaître le prétexte du camarade de régiment dans son ineptie – pourquoi le chercher et changer d’avis au dernier moment pour choisir de s’en prendre à des enfants ? – or l’enchaînement apparaît comme incohérent, mais de plus l’idée de demander au petit garçon de rechercher un chien – non pas un animal – lui serait venue comme par enchantement. Elle fait de plus apparaître que s’il ne s’agissait pas de mauvaises intentions, il n’était d’aucune raison de ne pas faire monter les deux enfants avec lui. Le procédé apparaît donc dans toute sa perversion, il maintient l’incohérence mais tente d’en faire porter la responsabilité sur l’accusé lui-même, tandis que ce sont bel et bien les enquêteurs qui sont placés dans l’impossibilité de bâtir une trame vraisemblable.

 

Le commissaire Alessandra vient de même contredire les aveux recueillis par l’inspecteur Porte lorsqu’il résume ainsi les faits dans le rapport transmis à ses supérieurs le 6 juin 1974 :

« À cet instant, un jeune homme pénétrait dans la cité, à bord d’un véhicule de couleur grise.
Il descendait de son véhicule et interpellait les deux enfants; il leur déclarait qu’il venait de perdre son chien de couleur noire et il demandait au petit garçon de faire le tour de l’immeuble afin de retrouver l’animal. Le jeune enfant s’exécutait.
Peu de temps après, l’enfant constatait que l’automobiliste ainsi que sa sœur Marie-Dolorès demeuraient vaines. (…) Compte tenu du fait que la fillette avait disparu, tout permettait de penser que cet individu avait volontairement « égaré » le jeune garçon dans la recherche d’un chien qui n’existait pas, afin de demeurer seul avec la fillette et d’enlever cette dernière. »
« 

 

Les aveux se poursuivent ainsi :

« Je suis monté le premier dans la voiture, je lui ai rabattu le siège avant et la petite a pris place à l’arrière. Je précise que la porte côté conducteur de ma voiture est bloquée, ce qui m’a obligé à monter moi-même par le côté passager. »

Le théâtre à cet instant achève de se démembrer, car ce que les aveux énoncent inverse la scène que décrit M. Spinelli, qui voit l’homme faire monter la petite et faire le tour, monter lui ensuite et démarrer. En réalité les enquêteurs mélangent plusieurs scènes comme s’il s’agissait de tout confondre pour parvenir plus rapidement au but, la scène du crime elle-même… Mais il apparaît à cet instant qu’ils soufflent la mise en scène et que le jeu a perdu toute vraisemblance…

Que de contorsions faut-il imaginer à penser que la portière est bloquée, le conducteur monter dans la voiture, comme il ne se produit jamais et seulement ensuite inviter l’enfant à se placer sur la banquette arrière tandis que c’est la portière du conducteur qui est bloquée. Que la portière soit bloquée ou qu’elle ne le soit pas, la petite n’a strictement aucun motif d’enjamber le dossier pour gagner l’arrière. Au contraire, le voyage lui semblera bien plus intéressant si elle reste aux côtés du conducteur.

« Je me trompe, la porte n’était pas bloquée à ce moment-là, je suis monté par le côté gauche. C’est seulement après l’accident que la portière gauche a été bloquée. »

 

 

Car bien sûr les enquêteurs viennent de se rendre compte qu’ils sont en train de tournebouler le récit et qu’il menace de ne plus avoir ni queue ni tête. C’est bien évident, la porte du coupé Peugeot s’ouvre à ce moment du drame et l’accident n’est pas encore survenu, ainsi donc il conviendrait de tout recommencer, car cela modifie la cohérence des gestes. Bien sûr la petite fille monte en premier, le ravisseur fait le tour et gagne sa place, ferme la porte et démarre. Si les aveux possédaient un fond de vérité, tout deviendrait si simple.

« J’avais garé mon véhicule l’arrière face à l’immeuble. Je suis parti devant moi et je me suis éloigné du centre ville.« 

La scène non plus ne correspond en rien à ce que suggère le témoignage de Jean Rambla. Le ravisseur s’est garé de cette façon, l’arrière du côté des garages parce qu’il avait préparé et prémédité l’enlèvement. Pour cela, il fallait que la voiture puisse démarrer en trombe et ne pas s’attarder, gagner le plus vite possible la terminaison de la rocade du Jarret puis le boulevard Alphonse Daudet de telle façon que la petite fille soit définitivement prisonnière et qu’elle ne puisse plus tenter de redescendre.

 

Car une chose est certaine, au contraire de ce que signent les aveux en prétendant qu’il s’agissait de partir « se promener », le ravisseur avait un but, une destination, une méthode et comptait-il emporter l’enfant à l’endroit qu’il avait choisi, précisément, en suivant tout droit la nationale, sachant qu’à cette heure, un jour férié, il ne rencontrerait nul obstacle qui puisse l’obliger à s’arrêter et risquer que Marie-Dolorès ne lui échappe.

« Après avoir traversé la banlieue, j’ai emprunté une petite route en virages, elle montait. Après avoir roulé une dizaine de kilomètres au plus sur cette route, j’ai arrêté la voiture sur un espace situé à droite de la route. L’endroit ne m’a pas paru très vaste. Je me souviens également avoir traversé une petite agglomération. Quand nous nous sommes arrêtés, la petite est descendue de la voiture et s’est assise au bord de la route.« 

 

 

S’ils s’étaient enquis de procéder avec la neutralité qui devrait présider à toute enquête policière, alors eut-il fallu convenir qu’il surgissait un décalage temporel extrêmement troublant, qui mettait bas l’accusation à lui seul. L’enlèvement s’était produit vers onze heures le matin, ce qui signifiait que le ravisseur atteignait les lieux autour du carrefour de la Pomme vers onze heures trente. Or l’accident de Christian Ranucci ne se produisait pas avant midi trente.

Aussitôt s’ouvrait la béance d’une heure entre le départ de la Cité Sainte-Agnès qu’on entendait attribuer à Christian Ranucci et la survenue de l’accident au carrefour de Peypin dont il était la cause. C’est pourquoi les enquêteurs émettent-ils cette rêverie incertaine qu’ils n’ont pas la décence de vouloir justifier,  en supposant que Christian Ranucci se serait arrêté, ce qui justifierait le motif incongru d’une promenade avec une enfant qu’on irait cueillir sans raison au coin d’une cité marseillaise.  Cependant, il faut convenir que le chemin est long, que la petite fille s’est rendue compte très vite à nul doute qu’on entendait l’enlever pour l’agresser sans témoin et ne pouvait-elle que prendre peur, regretter amèrement d’avoir accepté de suivre un inconnu malgré les recommandations qu’on fait aux enfants, se murer en soi pour chasser de l’esprit à toute force l’inquiétude que son absence allait susciter dès lors que sa mère l’appellerait pour le déjeuner.

 

On perçoit ainsi que l’enfant s’est recroquevillée sur elle-même, guettant le premier instant pour s’échapper, s’enfuir, chercher du secours où il pourrait s’en découvrir… Mais non, les aveux inventent une enfant insouciante, ayant perdu toute notion des valeurs et du temps… Elle s’assoirait au bord de la route nonchalamment, sans l’ombre d’un remord et sans jamais demander à son geôlier de bien vouloir la ramener chez elle.

La pièce avait effleuré cette allure du non-sens, elle prend désormais un tour hautement grotesque. Rien de ce que le malheureux Jules Porte écrit ne saurait avoir un commencement de vraisemblance, de celle qu’on exige au plus bas pour que les images du récit se tiennent peu ou prou l’une à l’autre.

« J’ai allumé une cigarette et nous avons parlé. Pendant le voyage, nous avons parlé ; je lui ai posé diverses questions sur ses conditions de vie. Quand elle a vu que nous nous éloignions de la maison, la petite a dit: « qu’il était l’heure du repas ». Je l’ai rassurée en lui disant que j’allais la ramener chez elle. Nous ne nous sommes arrêtés que quelques minutes à l’endroit indiqué. Quand nous sommes repartis, la petite est montée à l’avant. C’est elle-même qui l’avait demandé.« 

 

Si l’arrêt n’a duré que quelques minutes, alors il n’est pas compréhensible que la voiture ne soit sur les lieux qu’à midi trente si elle est partie de la résidence Sainte-Agnès à 11 heures, puisqu’il ne faut qu’une demi-heure pour se rendre depuis Marseille jusqu’au carrefour de la Pomme. Les aveux ne résolvent nullement le hiatus qui résulte des différents témoignages sur l’heure de l’enlèvement et l’heure de l’accident.

Et comment peut-on imaginer sans sourire Christian Ranucci transmué en chauffeur de maître et la petite fille assise sur la banquette arrière, à l’imitation d’une dame du monde, devisant de ses plaisirs et de ses élégances, lui intimant de s’arrêter ? L’arrêt incongru sur le bord de la route n’a que l’effet bénéfique de redresser la mise-en-scène inconcevable des enquêteurs afin que l’enfant retourne enfin sur le siège avant – c’est elle qui l’a demandé – ajoute le maître de cérémonie Porte qui intervertit les passagers d’avant vers l’arrière au gré de ses humeurs du moment et du fait qu’il ne se souvient plus lui-même que la portière ne s’est bloquée qu’à la suite de l’accident.

Le juge d’instruction nourrit la fable :

« À un moment donné, je me suis arrêté sur le bord de la route pour fumer une cigarette et j’ai bavardé de choses et d’autres avec la petite fille, lui demandant par exemple si elle allait à l’école. Je ne saurais préciser le nom de l’endroit où je me suis arrêté, je le reconnaîtrais peut-être si j’y retournais. La petite fille ne manifestait aucune crainte à mon égard et je réaffirme que pas plus à ce moment qu’à un autre, je n’ai exercé de violences à caractère sexuel sur la fillette.« 

 

Manifester aucune crainte et dire que l’on va à l’école, cette banalité inventée par le juge pour faire un peu plus « vrai » ? Cela ne se peut, et la vérité qui découle de la réflexion la plus naturelle, c’est que le front de l’enfant s’est assombri et dès  qu’elle s’est rendue compte – dès l’instant où la voiture s’engageait sur la rocade – de ce qu’elle se trouvait prisonnière d’un inconnu – à l’avant à nul doute, tout  à côté de son geôlier, alors a-t-elle cessé de parler et s’est elle enfermée au plus profond d’elle même, dans un abri intérieur où résonnait inlassablement la même oppression : comment ferai-je pour m’échapper, retourner chez mes parents qui vont s’inquiéter pour moi, m’enfuir et trouver la personne qui viendra me délivrer ?

Nous égarons la volonté de l’enquête, car selon les policiers, Christian Ranucci, se retournant vers elle à l’arrière au fil du paysage, lui aurait posé des questions sur ses conditions de vie, cependant qu’il est incapable d’apprendre que le père de Marie-Dolorès est un modeste boulanger, qu’il ne possède pas de voiture, et que c’est cela qui attirait l’enfant par sa nouveauté étrange, faire un voyage en voiture…

Or l’on ne saura rien de ce que les enquêteurs suggèrent par leur construction trop légère, aussi la petite fille parlerait et rappellerait à son chevalier servant qu’il est l’heure de déjeuner. Or donc conviendrait-il qu’elle ait prié qu’il l’a reconduise, non pas que ce soit lui qui le lui propose, ce qui n’a pas de sens.

Cependant bien au contraire, il semble que l’enfant, par affolement des conséquences de son acte, se taisait désespérément, c’est cela qu’il convient d’imaginer et de substituer à la trame irréelle de l’inspecteur Porte, car ce voyage est long, désespérément interminable ; au fur et à mesure on quitte la ville, le Plan-de-Cuques pour gagner un paysage désert, escarpée et heurté.

« À partir de ce moment, nous avons dû rouler encore une dizaine de kilomètres... »

 

 

 

Dans cet extrait tiré du film documentaire réalisé par Jean-Xavier Delestrade et intitulé : « Qui a tué Cécile Bloch ?« , il apparaît bien que le ravisseur conduit tout droit sa victime vers le lieu qu’il s’est choisi, sans jamais hésiter, et qu’il ne se trouve nullement en « promenade » mais agit par commandement avec la détermination que lui impose son impulsion. De même la jeune fille, terrorisée, est incapable de prononcer la moindre parole, sinon se plier à ses désirs, et lui pas plus, ce qui viendrait à défaire le sortilège intérieur qui le ronge de parvenir à chosifier tout à fait la jeune femme : et c’est à nul doute la rébellion de Marie-Dolorès – que nous chercherons à démontrer – qui provoque en réaction ce déchaînement de violence paranoïaque et sa mort…

 
Chapitre 26

 

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14 réflexions sur “25 Aveux sans aucune cohérence par quoi sans savoir Christian Ranucci pose sa tête sous le couteau de la guillotine (suite)

    1. J’ai ajouté la page du forum qui correspond au développement sur la composition du plan des lieux de l’enlèvement prétendument dessiné par Christian Ranucci.

  1. Une petite précision JL
    Jacques B a eu l’idée de superposer le plan avec une vue aérienne. L’idée de superposer le plan sur un extrait de cadastre, c’est moi qui l’ai eue. Il suffit de vérifier (page 3 du fil mis en lien avec l’article) que c’est moi qui ai communiqué l’extrait de cadastre à Jacques B.
    Bien sur, cette idée je l’ai eue après avoir vu la superposition faire par Jacques B (vue aérienne).
    Le fait que la position angulaire du bâtiment soit la même sur le plan et sur le cadastre est un point que je suis le seul à avoir présenté, sur le forum où personne ne l’a ni discuté, ni approuvé. Alors merci d’y faire allusion.
    Il est un point que vous auriez pu ajouter à propos du plan. Il s’agit des éléments manuscrits placés en bas à droite du document et qui sur certaines publications ont été effacés. Je parle de la signature de l’O.P.J. …………….ALESSANDRA.

    Bien cordialement

  2. Bonjour,
    Sans revenir sur l’affaire Christian Ranucci dont je suis un ardent défenseur (cf le groupe sur FB « Christian Ranucci, pourquoi réviser ? », mon commentaire du jour est sur votre blog « la république des ombres » que je trouve fort à propos et que je mettrais en parallèle, si je puis me permettre, avec un texte écrit en 2007 sur les troublants mécanismes des erreurs judiciaires, intitulé « Présumé coupable ! En mémoire de Christian Ranucci », dont je vous mets le lien ci-dessous :
    http://lesecritsdecyrilsuquet.wifeo.com/documents/Prsum-coupable–En-mmoire-de-Christian-Ranucci—CS—2007.pdf

    Au plaisir de vous lire et d’échanger,
    Cyril Suquet

  3. sur la photo de la rocade du jarret indiquée plus haut, vous écrivez que le ravisseur conduit par la rocade S08 en direction de la Rose/Peypin.

    Or en 1974, cette rocade de dégagement n’existait pas, elle a été construite en 1977 en même temps que le métro 1.
    Donc Christian Ranucci a dû emprunter l’ancienne route, celle qui traverse St Just/Malpassé/la Rose…
    Si l’enlèvement a eu lieu à 11 heures, a-t-il pu arriver sur les lieux du crime à 11 h30, accident inclus ?

    1. Je pense que ces travaux ont certes modifié l’état de la route et sans doute de façon conséquente, cependant un jour férié à 11h, il ne devait pas s’y trouver une circulation intense et la voiture a dû filer en traversant Malpassé et la Rose sans difficulté.
      Quand nous avons fait le trajet, c’était un jour de semaine à 11h et en conduisant à allure normale nous n’avons pas mis plus de 35 minutes, et nous avons été ralentis par la circulation.

      Si l’on voulait supposer que Christian Ranucci est le ravisseur, il reste ce décalage d’une petite heure entre l’accident qui survient vers 12h30 et l’heure d’arrivée supposée du ravisseur à 11h30. Ce décalage n’est réduit que parce que les enquêteurs font dire à Christian Ranucci qu’il aurait fait une pause de dix minutes. Ceci n’est pas possible, l’enfant se serait échappée aussitôt et l’on comprend d’ailleurs la raison pour laquelle le ravisseur a choisi cette route : il n’y avait aucun obstacle et la petite fille ne pouvait pas sortir de l’habitacle de la voiture. Elle était piégée dès le départ.

  4. J’ai modifié le plan pour le remplacer par celui de 1971 qui doit donner l’état exact de la voirie de l’époque. L’on s’aperçoit que le trajet est à peu près de même nature, même s’il est vrai que la photographie n’en rend pas compte puisqu’en réalité le ravisseur a dû emprunter l’avenue Alphonse Daudet.

    Mais ceci me permet de préciser également un autre article où l’on s’aperçoit que l’adresse « rue Alphonse Daudet » apparue sur le carnet de Christian Ranucci ne pouvait manquer de frapper les enquêteurs.

    1. C’est bien pire : il s’agit d’un trucage ! Le plan est recopié par les enquêteurs et Christian Ranucci écrit la légende selon leurs indications.

      Il se confirme qu’il ne s’est jamais trouvé sur les lieux de l’enlèvement où personne ne le reconnaît…

  5. Vous confirmez donc que le plan dessiné n’est pas un gribouillis sans signification. Je voudrais savoir pourquoi, à ce moment précis, la police ne lui fait pas dessiner ce fameux platane, c’était l’occasion. Cependant, sur le plan, figure un détail significatif : celui d’une petite murette que personne ne remarquera.

    1. Le platane ne figure pas sur le cadastre, le muret en revanche oui. Et c’est cela que les enquêteurs recopient de la photographie dudit cadastre, décalquent même, en gribouillant ensuite un autre trait pour que le subterfuge n’apparaisse pas.

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