Qui a tué Christian Ranucci ?

 

Un récit porte ce titre, dont l’auteur n’est autre que l’un des inspecteurs chargés de l’enquête sur le meurtre de Marie-Dolorès Rambla, Mathieu Fratacci. Celui-ci affronta comme en miroir le destin de sa proie puisqu’il fut en quelque sorte guillotiné à son tour quelques années plus tard par une pale d’avion.
Cette question apparaît inattendue car il n’est pas difficile de convier les responsables de cette affreuse tragédie, nous tous le peuple français, au nom de quoi tout cela a pu se produire ; mais plus encore le juge d’instruction Ilda Di Marino, son successeur, Pierre Michel, les experts François Vuillet, Jean Sutter, Georges Cardaire, H. Fiorentini et Myriam Colder, le Commissaire Alessandra, et les enquêteurs Jules Porte, Pierre Grivel, de même Mathieu Fratacci, le capitaine Gras, et d’autres encore, dont Mlle Brugère, qui procède en quelques lignes à la clôture du supplément d’enquête qui laissait pourtant découvrir la vérité, le Président André Antona aussi peu impartial qu’il est possible, le parquet de Marseille dans son ensemble et bien évidemment Armand Viala, l’avocat général qui ne lit que les procès-verbaux qui l’arrangent, Maître Gilbert Collard, quoi qu’il ait tenté de réfréner l’ardeur des jurés guillotineurs, les avocats de la défense et leurs manques, la presse de Marseille et de Nice qui  vint  bafouer la présomption d’innocence et hurler avec les loups, les membres du Conseil Supérieur de la Magistrature de l’époque et le Garde des Sceaux Jean Lecanuet, le Président Valéry Giscard d’Estaing qui portait en horreur la peine qu’il lui infligeait, sans oublier les neuf jurés que l’on a si aisément emportés dans une tourmente qui ne leur appartenait pas, André Crouzet, Jean Blaty, et dont deux d’entre eux, Geneviève Donadini et Michel Rebuffat sont venus expliquer à demi-mots comment dans le secret du délibéré, ils avaient pensé à la victime pour finalement voter la mort et la donner délibérément.

Et j’y ajouterai enfin, Jean Ranucci, le père de Christian, par lequel l’accusation a trouvé l’étai idéal.

Car il s’agit de démêler au plus près les responsabilités, et il apparaît bien que certains ne pouvaient ignorer complètement ce qu’ils étaient en train de faire…

 

Internet est une révélation, une apothéose lumineuse de la pensée. Elle permet de nous rejoindre en nous-même dans la pâle profondeur son être, et ainsi de trouver perpétuellement la substance du passé, avec une réalité si colorée et si munificente, bien qu’elle soit idéelle, qu’elle finit par projeter le plus parfait soleil.

Sur l’affaire Ranucci, il s’est créé un forum qui fut d’abord celui des étudiants de Sciences politiques. Il n’était pas question de s’aventurer au-delà des préséances de caste et ce lieu d’échanges a fini par se dissoudre à force d’éclairer un tableau par trop sombre.
Mais aussitôt un autre est venu à sa place pour nous permettre de reprendre l’ouvrage et compléter le mieux possible la connaissance que nous avions des recoins du mélodrame.
Bien des coulisses sont alors apparues, les manipulations, les liens manquants.
Les débats étaient placés sous la haute surveillance des Renseignements Généraux, tant le sujet apparaissait brûlant, malgré ses trente années d’âge…

L’écho des réflexions, les réfutations successives que notre pensée subissait par le biais de cette charge perpétuelle des brigades légères, tout d’un coup a permis que le tableau retrouve une forme saillante, une pureté inhabituelle. Presque rien ne manque, juste une chose peu importante, le nom de cet homme qui est venu emporter une petite fille et de rage l’a transpercée de quinze coups de couteau.

Ces pages, au fur et à mesure des ajouts, sont devenues un labyrinthe car le fil du dialogue suit un cours et dévie souvent, alors il devient incertain d’en retrouver la cause ou la conséquence. Ce qu’il convient de tenter alors c’est de remodeler ce qui a été trouvé lors de cette recherche afin d’en atteindre le sens. Après quelques instants, les arguments s’enroulent les uns aux autre en cercle et la réflexion s’enfonce plutôt qu’elle poursuit, elle se délaie et s’abrutit. Elle s’éteint.

Mais du forum il a pu apparaître ce qui manquait encore au travail pourtant complet de Gilles Perrault, le sens de toute l’affaire.

Il  n’est aucun complot, pas plus qu’il n’est de machination, juste quelques errements de personnes qui imaginent que l’institution judiciaire est un prisme de pureté, qu’au regard de ce qu’elles inventent, de ce qu’elles cachent, on ne discernera rien de leurs agissements. Cependant, il se produit que le miroir dévie et que l’image qu’il renvoie n’est plus celle du faux semblant.

Pour saisir ce qui a tué Christian Ranucci, il suffit de se plonger dans le détail des choses et les illuminer.

 

 

Cette réflexion, infinie, tentaculaire, la page du forum de discussion :

Forum Christian Ranucci

 

 

 

 

Chapitre 12
 

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