L’inspecteur Grivel, celui qui en dit trop …

La police a demandé à Mme Mattéi de se rendre aux funérailles de la petite Marie-Dolorès, pour le cas où l’homme au pull rouge s’y manifesterait, c’est ce dont elle témoigne aux avocats de Christian Ranucci…

La police a demandé à M. Martel de se déplacer dans un asile psychiatrique pour voir s’il ne pourrait y croiser l’homme au pull rouge… En vain.

Ce sont des choses qu’ils ne pouvaient inventer et qui démontraient à l’envi que la police de Marseille prenait cette piste au sérieux, tout en la dissimulant.

Elle aurait pu la suivre, les Renseignements Généraux – paraît-il – ont recherché dans les archives combien de Simca 1100 grises immatriculées en Meurthe et Moselle et dont le numéro minéralogique comprend un 8 étaient répertoriées dans le registre des cartes grises, et n’en ont recensé qu’une centaine pour celles en circulation au moment des faits…

Il est donc possible qu’un jour l’on soit en mesure de donner un nom à cet homme qui rodait dans les cités marseillaises des quartiers nord…

En attendant l’on aura compris comment les enquêteurs ont vidé le plus qu’ils pouvaient du dossier toute référence à ce qui nimbe le pull rouge avec des boutons dorés sur l’épaule, pourtant conservé au titre de l’affaire Marie-Dolorès Rambla, après avoir été saisi sous des planches, dans la galerie où se trouvait la voiture de Christian Ranucci.

Le meurtrier avait pris la place du conducteur, basculant Christian Ranucci sur la banquette arrière et conduisant la Simca dans le tunnel qu’il connaissait parfaitement lui.

Sur la base des aveux recueillis le 6 juin dans l’après-midi, le soir de ce même jour les enquêteurs vont aller replanter dans la tourbe le couteau découvert la veille …

C’est la gendarmerie qui est compétente, et c’est elle que l’on charge d’aller déterrer le couteau une deuxième fois…

Cependant qu’il faut le temps aux enquêteurs de Marseille d’atteindre les lieux pour procéder à l’opération qui consiste à remettre le couteau en place.

Ce qui peut expliquer la raison pour laquelle on demande au capitaine Gras de chercher sur le chemin, sans lui dire précisément ce qui figure dans les aveux que l’on a concoctés, à partir de la fiche de scellé, laquelle se contente de préciser que le couteau a été découvert dans de la tourbe « à proximité de l’entrée de la champignonnière », mention vague pour le moins ; et a-t-on fait dire à Christian Ranucci : « Je me suis remis au volant de ma voiture et, après un parcours, je me suis engagé dans la piste qui donne accès à la galerie. Le long de cette piste se trouve une espèce de place où est étalée de la tourbe. C’est à cet endroit que je me suis débarrassé du couteau. Je l’ai jeté à terre et j’ai donné un coup de pied dedans. »

Sauf que le couteau a été enfoncé verticalement dans la tourbe, donc en contraire de donner un coup de pied dedans et moins encore le jeter à terre… Les aveux, sur ce plan ne concordent pas du tout.

Sauf que les policiers de l’Évêché ne sont pas en possession du dossier technique établi par les gendarmes et par lequel il est indiqué que le couteau a été déterré de l’autre côté de la place, selon une « proximité assez lointaine » d’avec l’entrée de la galerie.

Voilà sans doute la raison pour laquelle le capitaine Gras va mettre deux heures pour retrouver l’arme du crime, dans un tout autre endroit que celui où il avait été découvert la première fois, la veille.

Les policiers se seraient donc déplacés sur les lieux le 6 en fin d’après-midi… Mais alors n ‘ont-ils pas eu cette idée de visiter la champignonnière ?

Une visite impromptue de la champignonnière le 6 ?

Tout porte à le croire. M. Aubert a témoigné le 4 par téléphone qu’il avait aperçu un homme portant un paquet assez volumineux.

S’il s’est déplacé dans le tunnel, c’est sans doute pour déposer cet encombrant paquet au plus profond de la galerie. Or donc si l’on est enquêteur, la tentation est extrême de la visiter à la recherche de ce que cet homme aurait déposé…

C’est M. Pierre Grivel qu’il convient d’écouter attentivement : le pantalon ? Il n’est pas taché affirme-t-il, il est inondé de sang. Et il répète au cas où ses paroles n’auraient pas été suffisamment soulignées : « inondé de sang ».

Il est clair que le pantalon dont parle M. Grivel, personne ne l’a jamais aperçu. Ce qui nous a été présenté, c’est un pantalon bleu foncé avec deux grandes taches sur le devant, occasionné par du sang tombant depuis la tête sur les cuisses d’une personne chevauchant une mobylette, et des taches de sang dans les poches. Rien à voir avec le pantalon que le meurtrier portait au moment de son acte : ayant donné 14 coups de couteau rageurs, dont l’un a tranché la carotide, il est clair que le sang a giclé de partout et que les vêtements du tueur étaient « inondés de sang », conformément à cette affirmation.

Le pantalon « inondé de sang » qu’évoque M. Grivel qui – visiblement – l’a vu de ses yeux, se situait au fond de la galerie, dans un sac assez volumineux. ce qui signifierait qu’il aura été soustrait du dossier…

Mais qu’est-ce que cela peut bien signifier ? Simplement que les policiers auraient donc trouvé le paquet assez volumineux lorsqu’ils seraient venus replacer le couteau dans la tourbe – et auraient ainsi mis la main sur les vêtements inondés de sang que le meurtrier avait abandonné dans la profondeur des galeries de la champignonnière ?

Or ce paquet et ces vêtements n’auront jamais été intégrés à la procédure – il n’a jamais été question même de les rechercher -, ils ont été vraisemblablement détruits….

Depuis, ceux qui défendent la version de l’accusation prétendent que le paquet n’a jamais existé avec une insistance remarquable, invoquant une erreur de retranscription des gendarmes. Au contraire ces retranscriptions sont toutes précises et neutres.

C’est cela le cinquième trucage :

Les policiers, si l’on en croit les déclarations intempestives de M. Grivel ci-dessous, ont recherché dans les galeries le paquet contenant les vêtements « inondés de sang« , appartenant au véritable ravisseur. Et ils auraient dissimulé leur découverte.

Le pantalon de couleur bleu sombre ne peut pas être le pantalon « inondé de sang », deux taches de sang sont apposées sur le devant qui ne correspondent pas du tout aux circonstances du meurtre (notons que si le pli est impeccable, le tissu apparaît lui couvert de terre séchée à certains endroits correspondant à l’accident de mobylette évoqué par Mme Mathon).

Or, le pantalon que portait le meurtrier ne peut qu’être inondé de sang, l’enfant s’est littéralement vidée de son sang, il en a giclé de partout vue les constatations de l’autopsie.

M. Grivel aurait pu évoquer la chemise également, qui devait se trouver dans le « paquet assez volumineux » que M. Aubert a juste aperçu. Elle devait être en carton à ce point d’en être imbibée tout autant que le pantalon était gorgé de sang séché…

C’est d’ailleurs cela qui rend l’innocence de Christian Ranucci éclatante : il était absolument impossible qu’il puisse tuer une enfant de 14 coups de couteau et, sans moyen de se changer, monter 5 minutes plus tard dans sa voiture sans laisser une seule goutte de sang, alors qu’il explique lors de ses aveux avoir remis le couteau dans sa poche.

L’enfant était bien entendu morte depuis un moment lorsque le coupé 304 s’est garé malencontreusement à l’aplomb de l’endroit où son corps venait d’être recouvert de branchages. Et le meurtrier avait eu le temps de retourner à la Simca 1100 pour se changer…

Si l’on tente de mettre en scène le scénario qu’elle propose, l’accusation depuis le début est dépourvue de la moindre cohérence…

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