4 Pater dimite illis, nesciunt enim quid faciunt

28 juillet 1976

La mort de Christian Ranucci est un signe, elle forme un lien entre deux époques. Nous ne le savions pas.

Elle fut comme un coup de tonnerre parce que l’on pensait jusque-là que le président Giscard respecterait une sorte de paix tacite qui l’éloignerait de la barbarie. Nous nous étions fortement trompé. Il était entouré de personnages fuligineux, que l’absence de toute pitié semblait l’onction de leur puissance, Ponia comme on l’appelait, le ministre de l’intérieur et Lecanuet à la justice – enfin devrait-on dire plus précisément à la tête de l’administration judiciaire.

Déjà à cet instant fallait-il défendre à toute force l’ordre de l’argent et comme toute croissance venait de s’éteindre, qu’il n’était plus temps de faire miroiter au travailleur le mirage de l’expansion auquel il se faisait une joie et un devoir de participer, il ne pouvait se partager que ce que l’on aurait soutiré aux salariés à force de chômage et de pression sur les salaires, tandis que l’inflation rongeait les revenus. L’on entretiendrait en gage la peur, en invoquant la peine de mort comme un rituel nécessaire à l’oubli de sa condition : se donner pour image le pouvoir de Dieu de donner et de reprendre la vie. Lire la Suite